Qui se souvient de Jack Lee, l'auteur (nerveux) de "Hanging on the Telephone" ?
En 1975, à San Francisco, un bassiste, un batteur et un guitariste fondent les Nerves. Dans l'ordre, le bassiste, c'est Peter Case, qui fondera plus tard les Plimsouls; le batteur, c’est Paul Collins, du Paul Collins Beat; et le guitariste, c'est Jack Lee, qui va écrire Hanging on the Telephone, et récolter les royalties, quand Blondie en fera un tube durable. Itinéraire d’un oublié à tort de plus.
Mais malheureusement, les Nerves ne firent jamais de hit, même si le catalogue est impec. Par dépit, ils se séparèrent et connurent le succès plus tard, avec d'autres formations, tant le trio de compositeurs ici présent était consistant. Pour faire court, avant les Ramones et le Paisley Underground, ils inventent la power pop, à la fois archétype du rock psyché-garage, du côté des guitares à enluminures et du punk en durcissant le son brut de décoffrage.
Lee et Collins ont fait dans le rock instinctif, Case dans le garage survolté avec les Plimsouls, tout cela avec un son sec, pré-punk, même si le trio a servi de modèle à nombre groupes ensuite. La consistance a toujours été la même rythmique sèche, peu de production, et des guitares affutées qui s'envolent à la moindre occasion justifiée. Dans la papier accompagnant la ressortie du One Way Ticket des Nerves, Jean-Luc Manet disait : Plus encore qu’un éventuel rôle réducteur de chaînon manquant, le trio prit à sa charge la mise en place d’un véritable pont aérien et aéré entre la délicatesse des Byrds ou des Beatles et une Amérique plus musculeuse dont le spectre s’étendait alors du MC5 à Creedence Clearwater Revival
On ajoutera que Jack Lee, ne connut pas plus de succès en solo, mais qu'il s'en tira fort bien, comme compositeur pour les autres. Après la reprise du Hanging on the Telephone, par Blondie, L7 ou, plus proche, par Cat Power, il écrivit ensuite un autre tube pour Paul Haig : Come back and Stay. Un petit coup de mythologie rock en 23 titres et quelques années. C'est bien là.
Multi-instrumentiste versatile, Jack Lee avait plusieurs envies, plusieurs angles d'attaque et la plume alerte. Mais à ne pouvoir rentrer dans les codes, pour en avoir inventé un nouveau, il est resté, comme l'affirme le titre de la compile, ailleurs et pour toujours Bigger than Life …
Jean-Pierre Simard
Jack Lee - Bigger than Life - Alive Records Natural Sound