Yussef Kamaal mixe sauvage jazz, house et hip hop
Voilà peut-être l'album 2016 qui tisse le plus de liens avec les musiques qu'on aime ; entre jazz, hip hop, soul, funk, jazz-rock et techno /house. A la suite de David Porter, Kamasi Washington et de tous les Londoniens furieux de la bande de Gilles Peterson sur son label Bronwstone, Yussef Kamaal enfonce le clou d'une musique ouverte à tous les vents novateurs. Réussite !
S'inspirant de l'esprit du jazz-funk des années 70, le groupe emmené par les têtes pensantes Yussef Dayes et Kamaal Williams (aka Henry Wu), a préféré s'affranchir des carcans pour laisser place à l'expérimentation. Et le son est au rendez-vous.
Tout a commencé en 2015 autour de Kamaal alias Henry Wu, producteur et musicien chef de file de la nouvelle scène Londonienne qui entremêle sons organiques à d'autres plus digitaux. Après une session live pour Boiler Room. Wu fait appel à deux autres musiciens dont Dayes. Et la magie opère d'entrée. Ça sonne comme du Robert Glasper avec une dose d'underground en plus. On commence à dire beaucoup de bien de ce Yussef Kamaal Trio.
Les dix titres de Black Focus tournent sur la base d’un combo claviers – batterie, rejoint par d’autres musiciens selon les circonstances. Les breaks de Yussef Dayes viennent cadencer les nappes des synthés de Williams. Le concept estdans la lignée du live à Boiler Room, improvisé et enregistré quasi en une seule prise. La production est signée de Malcom Catto, le batteur de The Heliocentrics et super ingénieur du son.
Black Focus est l’introduction idéale avec sa longue intro de deux minutes d’échauffement où les instruments se manifestent, se croisent et finissent pas se synchroniser doucement. Une voix africaine se fait entendre en présentant le groupe : « Yussef Kamaal papa ! ». Et le morceau part dans un acid jazz flottant où seule la trompette s’excite un peu. Bon démarrage.
Ailleurs, plus loin dans l'album, le climat uptempo de WingTai Drums fait un effet de démarrage immédiat où la batterie et le synthé, déjà en mouvement, tourbillonnent en chœur. On est en plein jazz fusion , d’où la reprise du nom du Wing Tai, art martial réputé précis et raffiné. CQFD
Et l'ensemble dégage une homogénéité où règnent spontanéité, improvisation, désinvolture mais avec précision et sophistication. Après le Strings of Light, clin d'œil référentiel au Strings of Life de Derrick May, c'est un peu comme si le filon techno-jazz développé par la label Talking Loud ( Gilles Peterson déjà ) dans les années 90 du siècle précédent reprenait du service, après Carl Craig, Laurent Garnier ou Shazz ici, qui ne déparaient pas aux côtés de Niels Peter Molvaer. De nouvelles boucles, en quelque sorte, mais de celles qui restent.
Yussef Kamaal Black Focus Brownswood Recordings