L'esthétique non genrée de Pierre Molinier

Qui eut cru qu'un peintre en bâtiment bordelais, comme Pierre Molinier, artiste peintre à ses heures, avec l'impressionnisme comme facteur de paysage et l'expressionnisme pour ses portraits deviendrait un surréaliste des plus scandaleux avec Clovis Trouille et un photographe sulfureux plus tard ?

Le Temps de la mort 1 / P. Molinier 1962

Entre 1955 et 1976, Pierre Molinier a inventé les canons d’un style
qui va influencer deux générations d’artistes, de Luciano Castelli à Breyer P-Orridge. Grâce à la photographie, Molinier fabrique du mythe sur mesure, se rêve en lesbienne et donne corps à ses fantasmes les plus fous jusqu’à imaginer une vie incestueuse avec lui-même.

Dépassant les surréalistes Oppenheim et Bellmer, sous son regard, l’homme devient femme, la femme poupée, le vivant se réifie, l’inanimé prend vie, les êtres et les choses convolent en justes noces pour se fondre en un être unique, nouvelle incarnation de la nouvelle Beauté Idéale.

Pierre Molinier est aujourd’hui salué comme le Grand Précurseur,
comme le Maître incontesté d’un mouvement essentiel à notre temps.
Car Molinier est bel et bien l’inventeur d’un genre dans la double acception du terme.

L’exposition présente en particulier les études que Françoise, la fille
du peintre et photographe avait jalousement gardées dans le secret
de son atelier : les collages photographiques et les dessins préparatoires ; tous les accessoires de cet univers fétichiste, tous les éléments de la “sorcellerie évocatoire” qui ont rendu possible “cette esthétique de la confusion des genres”.


Archives Pierre Molinier à la MEP 9 -> 13/11/16
Maison européenne de la photographie   5-7, rue de Fourcy 75004 Paris