Au 104, Berlin joue "Tchernobyl So Far, So Close"…
Pour Zvizda, Yves Degryse et Bart Baele ont filmé au long, la vie d'un couple octogénaire ukrainien qui a refusé de quitter la zone irradiée autour de Tchernobyl et apportent un questionnement sur le temps qui passe et les espoirs qu'il suscite… Mais c'est du théâtre.
Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, Berlin est installé depuis sa naissance en 2003 à… Anvers. Si ce choix d’intitulé peut sembler relever d’un désir de brouiller les pistes, il répond surtout à un intérêt du duo d’artistes pour les caractéristiques de la capitale allemande, où « le passé comme le futur sont très présents. » Des dimensions qu’Yves Degryse et Bart Baele – associés jusqu’en 2009 à Caroline Rochlitz – s’attachent à explorer à travers le cycle « Holocène ». Du nom de l’ère géologique actuelle, chaque épisode d’« Holocène » brosse le portrait d’une ville ou d’un territoire, en s’appuyant notamment sur des entretiens réalisés avec des habitants.
Le résultat est une série d’objets scéniques autonomes où la vidéo, allègrement scénographiée, occupe une large part. Après Jérusalem (2003), Iqaluit (2005), Bonanza (2006) et Moscou (2009), Berlin s’intéresse dans Zvizdal à un village perdu d’Ukraine. Par l’entremise de la journaliste et auteure Cathy Blisson – co-signataire de la création –, Berlin a suivi durant cinq ans un couple installé dans la zone interdite de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Octogénaires ayant toujours refusé de quitter leur ferme, Nadia et Pétro Opanassovitch-Lubenoc vivent sans eau courante, électricité ni téléphone, avec l’espoir de voir le village un jour repeuplé. Projet au long cours, Zvizdal déploie à travers l’écoulement des saisons dans un monde où le danger, invisible, est partout, une réflexion sur l’isolement, la question de la survie, la frugalité ou encore l’attente de la mort.
Friedrich Angel
Berlin Zvizdal [Chernobyl, so far so close] - 30 novembre au 17 décembre
le CENTQUATRE-PARIS 5 rue Curial - 75019 Paris