Avec David De Beyter, les big bangers jouent à Build & Destroy
A l'instar de J.G Ballard et David Cronenberg, l’exposition « Build And Destroy » au Centre Photographique d’Île-de-France constitue la troisième partie de l’exposition « Big Bangers » de David De Beyter avec film, photographies, sculptures et installations déploie, autour d’une pratique dérivée de l’auto-cross, une esthétique post-apocalyptique. Domaine balisé, mais ô combien jubilatoire.
Œuvre centrale, le film Just A Good Crash cerne une des sources d’inspiration majeures de David De Beyter pour Big Bangers, dont cette exposition est la troisième étape. Le film dévoile la pratique des « big bangers », activité populaire au sein de certains milieux du Nord de la France, en Belgique et au Royaume-Uni, qui consiste à détruire des voitures par des chocs violents. Les véhicules sont volontairement accidentés lors de courses sur circuit pour provoquer des «good crashes» (bonnes collisions). Le spectacle final recherché est celui d’une destruction, d’une épave que les amateurs de cette pratique définissent comme une « auto-sculpture ». Détruisons la marchandise - mais dans la joie !
Autour de cette démarche qui fait d’un objet détruit une œuvre esthétique, David De Beyter s’engage dans un travail à la fois topologique et anthropologique. L’exposition dépasse le cadre photographique pour rendre également à travers la vidéo, l’installation et la sculpture le lien qui se noue entre cette pratique de la démolition et les paysages dans lesquels elle s’inscrit. On retrouve en effet dans l’exposition la question du paysage, centrale dans l’œuvre de David De Beyter. Celui-ci lit dans les big bangers à la fois la mélancolie des paysages du nord et celle de l’imaginaire chaotique de la peinture flamande.
Les images statiques ou animées plongent dans ce théâtre de l’anéantissement, au plus près des chocs créatifs, tandis que des débris directement récupérés sur des carcasses de voitures forment des sculptures. Dans son approche plastique comme photographique, le travail de David De Beyter témoigne d’une précision technique rigoureuse qui renforce l’aura mystérieuse et fantastique des objets reflétés. On évolue dans un univers post-apocalyptique où les paysages noyés de fumée et de brouillards et jonchés d’épaves métalliques, dégagent autant de poésie que de désolation. 2016, en force, c'est maintenant…
David de Geyter - Build And Destroy -> 18/12/2016
Centre photographique d’Ile-de-France 107 Avenue de la République
77340 Pontault-Combault
Site de la galerie, ici