Yudai Kamisato décline avec férocité l'incompréhension des êtres au monde

Le travail de Udai Kamasito mélange des événements extraordinaires et ceux du quotidien. Il s’intéresse de plus en plus à la question des migrants, s’inspirant de son expérience personnelle pour réfléchir aux rapports entre individu et nationalité, et les problèmes de communication entre les différentes cultures.

+51 Aviación, San Borja nous emmène en Amérique du Sud à la rencontre de vieux immigrés japonais, dont le regard nostalgique dresse en miroir un portrait de la société d’aujourd’hui. Ce sont deux Japon dos à dos que l’artiste retourne pour les mettre face à face. Lui-même né au Pérou, il est réellement parti à la rencontre de cette communauté japonaise-péruvienne pour écrire sa pièce, à Lima, où vit toujours sa grand-mère, rue San Borja.

L’immersion autobiographique dans ses racines cosmopolites s’entrelace intelligemment avec une véritable saga historique. En chemin, le public découvre d’illustres personnages, tel Seki Sano, devenu le « père du théâtre mexicain », et déambule entre grands événements, monuments et déclarations.


Naviguant avec dextérité entre l’histoire de l’émigration du XXe siècle et l’actualité au Japon, le capitaine de cette odyssée nous guide en toute liberté d’un bout à l’autre de la planète, d’hiver en été, d’une époque à une autre. Avec trois acteurs captivants et quelques accessoires, un plateau épuré, un déferlement de couleurs pop et d’humour, une multiplicité de strates théâtrales – du reportage à la fiction jusqu’au métathéâtre –, la pièce déploie une impressionnante sensation de l’immensité du monde.

Votre spectacle souligne d’ailleurs sans détours quelques aberrations dans la gestion politique d’actualités graves au Japon. Depuis la naissance de votre compagnie, vos œuvres sont toujours acérées à l’égard du contexte sociopolitique d’aujourd’hui. Ceci n’a pas empêché que vous soyez le plus jeune metteur en scène à recevoir le premier prix de la Toga Directors Competition . Est-ce à dire que le Japon sait écouter les critiques ?

Yudai Kamisato : Dans un premier temps, cela fait une dizaine d'années que je pense être devenu apolitique. Ensuite, puisque la Toga Directors Competition est dirigée par une organisation privée, et que ce sont des artistes qui nomment le vainqueur, recevoir ce prix ne signifie rien quant aux tendances de cette nation. Je pense néanmoins que la société, ainsi que le gouvernement du Japon, sont enfin friands d’entendre des contre opinions, ou des voix différentes.

Votre travail est déjà très reconnu au Japon. C’est la première fois que vous êtes invité en Europe. Quels sentiments cela provoque-t-il ?

Yudai Kamisato : J’ai parfois voyagé en Europe en tant que spectateur... Je suis donc impatient de découvrir les réactions des publics devant notre travail.

Yudai Kamisato +51 Aviación, San Borja du 5 au 9/10/16
T2G – Théâtre de Gennevilliers   41 avenue des Grésillons   92230 Gennevilliers.
Retour en navette gratuite jusqu’à Châtelet certains soirs
www.theatre2gennevilliers.com