Comment dépasser l'apartheid par la culture ou le jazz sud-africain
Sous prétexte de moderniser les traditions, les musiciens de jazz sud-africains ont en fait profité du médium jazz pour parler culture ethnique, ce qu'on leur refusait par ailleurs durant les années d'apartheid.
De ce côté-ci de la critique musicale, on aime bien les panoramas, tels qu'offert par la série Rough Guide qui balance depuis quelques années souvent du lourd, à défaut de vrais inédit. Mais le boulot de compilateur est excellent, les pressages tiennent la route et le contenu avec livret , souvent plein d'infos. Donc, ce volume ne diffère aucunement, par sa formule, de ceux concernés au tango, au psychédélisme de partout ou au jazz brésilien. Cela ouvre un possible au néophyte et ça ne déçoit aucunement le spécialiste…
Couvrant les domaines du marabi, du kwela et du jive, tous styles du milieu du XXe urbain de l'Afrique du Sud, cette compile joue du puzzle présent des sons, styles et assemblages créés par les musiciens du cru qu'on a appelés mouvement du jazz sud-africain des années 60 et 70 en tirant la couverture jusqu'aux découvertes actuelles. On note l'étroitesse des liens entre le mouvement des droits civiques américains et le KwaBulawayo de The African Echoes. le jazz afro-spiritual de Batsumi sur Emampndweni, tous contributeurs par leur présence et leur discours à une lutte contre l'oppression ou la maîtrise du maître du lieu Dollar Brand, devenu au contact de l'islam, Abdullah Ibrahim qui jouera avec Duke Ellington, et on se souviendra aussi que les musiciens les plus free, seront contraint à l'exil - leur mode de vie s'avouant incompatible avec le discours du pouvoir en place, ainsi des Blues Note qui feront les folles nuits du Swingin'London 60's. Mais c'est une autre histoire. En attendant, viens chercher bonheur par là mon gars, c'est du bon !
VA - The Rough Guide to South African Jazz (World Music Network)
Attention, il existe une autre compilation éponyme, datant de 2000 et parue sur le même label avec plus de stars qui complète le propos- seule différence la pochette … que voici.