Joe McPhee et le retour des indiens métropolitains

Du free jazz de haute tenue pour décourager les amateurs de musique molle et de frissons compassés.

76 ans et la colonne d'air toujours impeccable, Joe McPhee a sorti l'an passé deux albums et, avant de vous parler en détail du Festival Sons d'Hiver la semaine prochain, on vous offre un petit détour entre free jazz et musiques improvisées avec le légendaire saxophoniste et trompettiste américain, un multi-instrumentiste actif depuis 1967, aussi bien inspiré par John Coltrane, Ornette Coleman qu'Albert Ayler.

Cet album Skullduggery, enregistré en compagnie des musiciens européens d'Universal Indians que sont John Dikeman (saxophones), Jon Rune Strom (contrebasse) et Tollef Østvang (percussion), faisant directement référence à un titre éponyme d'Albert Ayler de l'album Spirits.

Après avoir été de toutes les scènes free américaines et européennes des années 60 à 90, préférant être balayeur pour survivre que se compromettre dans des musiques qui ne l'intéressaient pas,  il a intégré un moment le groupe de Pauline Oliveiros, le Deep Listening Orchestra, joué avec le Spasm Band ou expérimenter dans le rock avec The Thing, avant de revenir à d'autres aventures improvisées à couleur plus jazz.  

L'actuel quatuor joue sa propre définition du jazz improvisé et libre. Un son musculeux, créé sur l'instant,  dans l'urgence, avec passion et crudité, sans leader à proprement dit avec des échanges flamboyants autant que direct et immédiats. Du free d'après le free…

Si on y entend bien les leçons des ex-grands maîtres du jazz alternatif, de Cecil Taylor à Albert Ayler ou Peter Brötzmann, le quatuor a vraiment un son et une démarche bien à lui.

Oubliez vos repères, laissez-vous porter. Cela barque, et si vous vous vous laissez emporter, le voyage mérite l'effort de l'embarquement du côté du vivant.
 
Skullduggery Universal Indians with Joe McPhee (Clean Feed Records)