Savez-vous danser le gqom ? Une révolution musicale née dans les taxis de Durban, Afrique du sud.
Mettons que vous alliez en boîte un samedi soir avec les jeunes zoulous de Durban, Afrique du sud. Il y a de grandes chances que vous dansiez sur cette musique, le gqom, ou gqomu, qui est né dans cette ville il y a quelques années comme une version roots et dépouillée des oripeaux euro-pop, voire d'à peu près tout, de la house sud-africaine, le kwaito. Le gqom serait le nom d'un tambour zoulou, et décrit bien le son très particulier de cette musique de purs rythmes, une sorte d'acid sans le son de la 303, avec une touche de déferlement de percussions parfois, qui fait penser à une autre musique très singulière des années 80, la gogo music de Washington. Là encore, une ville, une idiosyncrasie. Le même phénomène de réappropriation d'une musique devenue trop pop par retour à la base (et au basique) s'est passé pour la jeunesse angolaise avec la fodencia, préférée par les vrais de vrais de la nuit au kuduro. Nous, on adore ce genre de musiques, interdites, dures d'accès, répétitives, addictives totalement. Elles sont les révolutions toujours.
Celle-ci née (à la jamaïcaine, finalement, pour ceux qui connaissent l'histoire des sound-systems ambulants) de la rivalité des taxis collectifs de Durban, dans lesquels on ne doit pas s'ennuyer, puisqu'ils sont sonorisés à fond, et rivalisent de mixes commandés à des deejays de gqom pour enfoncer la concurrence et attirer le chaland avec des sons toujours à la pointe de la nouveauté. On imagine donc facilement le public de ces taxis de nuit. High, high, high. J'adore cette musique, férocement prenante. Et féroce tout court. Zéro concession. Ne devant rendre de compte à personne sinon à son public. Danse de guerre pour autobahn. Parfaite pour un go-fast.
Christian Perrot