Les mélopées chaloupées du jazz antillais
Installés à Paris depuis la fin des années 20, les musiciens antillais ont largement contribué à la création et la diffusion du jazz français. Ecoutez plutôt.
Si vous avez - par mégarde- échappé à la somme réunie par Patrick Frémeaux et consacrée aux pionniers du jazz caraïbe Swing Caraïbe, premiers jazzmen antillais à Paris couvrant les années 30 à 46, retraçant les parcours d’Alexandre Stellio à Jean-Claude Montredon ou d’Al Lirvat ; avant de passer la main à la génération suivante des Marius Cultier, Jacques Coursil et Mario Canonge, la liste est longue de ceux qui ont établi une connexion durable entre deux univers si proches. Pour qualifier le jazz antillais, on parlera aux premières heures de swing caribéen, de jazz biguine, une vague qui va débarquer en Europe dans l’entre-deux-guerres.
« Les Antillais ont apporté beaucoup de musiques dans leurs bagages, mais les Français ne se sont alors pas rendus compte que le chaînon manquant entre les Etats-Unis et La France, c’étaient les Antilles ! », se souvenait en 2002 le poète Roland Brival, dont le cultissime Creole Gypsy était alors tout juste réédité.
Situé géographiquement plus près des Etats-Unis que de l’Europe, les Antilles ont très tôt été touchées par le jazz et de manières diverses, comme avec Chano Pozo, le percussionniste cubain, favori des boppers new-yorkais. A l'inverse, de nombreux musiciens ce sont emparés de cette musique pour l’associer aux rythmes traditionnels de leur île : Biguine, Gwo Ka, Tumbélé… voire avec Al Lirvat le tirer vers un be-bop revu et corrigé carribéen, le wabap
Cette compilation fait suite au Freedom Jazz France, une tuerie sortie en 2013 chez Born Bad Records et déjà réalisé avec Digger’s diggest. Il s’agit de la première compilation explorant la foisonnante scène jazz antillaise des années 70 et 80, avec des titres uniquement connus des collectionneurs de vinyles, qui mêlent au jazz les rythmes antillais pour le meilleur du jazz créole. Ne boudons pas notre plaisir avec les Vikings de la Guadeloupe, Krater Edmony ou encore Ka-Tet, voir Max Labor qui ont tous profité des bienfaits de l'électricité et de l'électronique pour actualiser leurs grooves aux tonalités sonores de l'époque.
Compilation Kouté Jazz – a french west indies jazz collection (Heavenly Sweetness)