Philippe Halsman, le révolutionnaire de la photo people
Des années 30 à la fin des années 70 Philippe Halsman s'est fait le chantre des people, mais pas seulement. Bosseur impénitent, découvreur de techniques, il est parti du surréalisme pour trouver ses marques et devenir un maître incontesté du portrait. Expo au Jeu de Paume pour le vérifier.
Le Halsman des années 30 explore différents genres, comme le portrait, les vues de Paris, le nu et la mode. Son travail sera exposé à la galerie d’avant-garde la Pléiade, où Man Ray, André Kertész et Brassaï ont déjà présenté leurs œuvres. Il va bénéficier de l’influence d’André Gide, le premier personnage célèbre dont il a fait le portrait. Il couvre un champ étendu de sujets (mode, beauté avec surtout la coiffure, objets, reportages sur l’actualité du divertissement) et travaille pour les plus grands magazines de l’époque : Journal des Modes, Vogue, Harper’s Bazaar, Voilà, Le Monde illustré, VU, Visages du Monde et le quotidien Le Journal.
Autodidacte, Halsman s’inspire des différentes techniques et esthétiques de la période, telle que la Nouvelle Vision. Son studio est le lieu de prédilection de ses explorations à travailler l’éclairage électrique avec des cadrages serrés pour créer ses effets. Il y développe aussi un registre d’images riche et varié emprunté au mouvement surréaliste.
Conscient de l’effet que produit l’objectif sur ses sujets, Halsman préfère travailler dans un cadre intimiste. Ses portraits par l’importance accordée aux détails et cette recherche de « naturel » dans les expressions. À New York, il acquiert rapidement une notoriété dans ce domaine et réalise de nombreux portraits de personnalités pour des magazines tels que LIFE, le TV Guide, et le Saturday Evening Post... Et va ainsi collectionner plus d'une centaine de couvertures de Life.
Halsman a toujours envisagé son travail comme un outil privilégié pour donner libre cours à son imagination, à la recherche des photographies les « plus saisissantes et originales ». En 1953, Dalí’s Mustache est le fruit du mariage des esprits de Halsman et de Dalí avec ce livre entièrement consacré à la moustache de Dalí, en créent plus de 30 portraits du peintre répondant de manière absurde aux questions de Halsman. Le photographe y crée un « photointerview book » proposant une interview de Salvador Dalí, en reprenant un concept éditorial initié cinq ans plus tôt avec Fernandel : une question posée à l’artiste est imprimée sur une page, et la réponse figure sur la page suivante sous la forme d’une photographie légendée.
Mais on ne peut faire l'impasse sur la série Jump qui lui a permis de cadrer, en les faisant se libérer de la pesanteur et de leurs poses habituelles, des personnalités comme Marilyn Monroe, Le Duc et la duchesse de Windsor, Jerry Lewis et Dean Martin ou encore Fernandel.
Une exposition en quatre parties, comme quatre angles de vue. Il faut au moins cela pour cerner la complexité du personnage et l'étendue de son champ de vision.
Philippe Halsman Étonnez-moi ! > 24 janvier 2016 Musée du Jeu de Paume 1, place de la Concorde 75001 Paris Mardi de 11h à 21h. Du mercredi au dimanche de 11h à 19h.