P.I.L. électrique : What the World Needs Now. Entretien avec John Lydon
Un nouvel album, une tournée, et une nouvelle citoyenneté américaine pour l'ex-roi des punks qui en avait marre de se faire maltraiter par les douaniers anglais à chaque passage en Angleterre. De quoi le monde a-t-il besoin ? C'est à cela qu'essaye de répondre l'album de PIL, avec quelques variantes hautes en couleurs et un certain aplomb, entre ambient et rock barré.
Maison de disque remerciée en fin de contrat pour échapper au shitstem et label au nom du groupe pour diriger les affaires en interne avec Rambo, l’omniprésent manager et ami ; PIL sort un album et parcourt le monde pour porter la parole de la musique vivante.
Le back catalogue permet de voir venir, et les live de donner envie. Mais What the World Needs Now est un album qui envisage de faire danser le monde différemment, en lui redonnant une vision de biais. A l’écart, mais sans grand écart, à partir de l’antimusique.
Ouvert avec Double Trouble, l'album prends de suite la forme d'une dispute familiale à propos des toilettes bouchées et se transforme en une partie de franche rigolade sur l'absurdité du monde et la rançon du succès public. Le but est de faire tenir le maximum de tension en quelques mots et un riff bien hardcore vient cimenter le tout. Spice of Choice vient montrer du doigt une citation d'Al Gore à propos "de l'Amérique d'aujourd'hui offrant trop de choix qui tue le choix"
John Lydon : 'Non mais vraiment, il s’aperçoit de ce qu’il raconte... trop de choix, vraiment. Et puis quoi encore ? C’est carrément dictatorial comme attitude. J’ai juste pris l’attitude inverse pour composer le titre. Ha oui, trop de choix et pourquoi ? Pourquoi pas plutôt donner du piment à tous ces choix possibles. Cela rééquilibre un peu la balance, non ?"
Plus loin on entend en français "C'est la vie" et on se demande si c'est un cri ou bien John Lydon : "C’est une mise au point à propos des choses les plus désagréables de ma vie, que je mets enfin de côté, autant affaire de cœur et relations qu’histoires de cul. Un truc en rapport avec les sept pêchés capitaux, et en particulier la jalousie, le pire de tous. On ne peut rester dans la tristesse trop longtemps au risque de se détruire. Alors autant tirer des traits définitifs sur le passé après l’avoir reconsidéré. "
Anti-style prémâché, anti-musique ronronnante, qu'en est-il du punk ou de l'attitude survivante aujourd'hui ?
John Lydon : "Il ne devrait pas y avoir de règles et je peux enfin vivre comme je l’entends. Mais en fait il n’y a jamais eu de mouvement punk, juste des mauvais groupes de crétins jaloux qui ne savaient même pas écrire de bonnes chansons, quasi 99 % de la production qui utilisait mon énergie, ma façon de m’habiller et celle de me coiffer. Une bande d’enfoirés qui ne rêvait à rien de plus qu’à devenir des pop stars. Ceux qui se revendiquent de cela n’ont qu’à écouter le dernier album de PIL, pour commencer, puisqu’ils n’y étaient pas à l’époque. Mais surtout, cela a laissé des traces à peu près partout au niveau artistique dans des domaines où personne ne s’y attendait. Cela a rebondi dans le monde de l’art, la mode, celui du graphisme, de la littérature, de la musique et aussi à la télé et au cinéma. On a enfin pu entendre tous les mots de la langue anglaise. Même si Cobain m'a piqué le Nevermind..."
Jean-Pierre Simard