Massimo Berruti et la guerre de l'eau à Gaza

De plus en plus rare dans les pays du Moyen­-Orient, l'eau potable passe de ressource vitale à enjeu de pouvoir. Malgré l’aide de la communauté internationale pour l’assainissement et l'approvisionnement, les améliorations restent insuffisantes et une grande partie de la population en demeure privée.

La situation est endémique, aggravée par les conflits permanents qui entraînent la destruction quasi systématique des nouvelles infrastructures. Ll’offensive militaire Israélienne « Protective Edge » provoqua des dégâts sans précédent. Les réseaux de distribution d’eau ainsi que les installations électriques, déjà vétustes, furent encore endommagés. De plus, la destruction d’une partie des égouts eut pour effet d’envoyer les eaux usées dans les réseaux d’eau potable, mettant ainsi en péril la santé des palestiniens.

On estime qu’il faudrait près de deux ans pour réparer l’ensemble de des dégâts et rétablir une situation viable. « L’équation est simple », explique Guillaume Pierre Humbert, coordonnateur eau et habitat du CICR pour la bande de Gaza. « La pénurie d’électricité empêche l’eau d’être purifiée, évacuée, traitée ou désalinisée, et elle entrave l’approvisionnement des foyers, des hôpitaux et des commerces. L’eau manque un peu partout, et lorsqu’il y en a, elle est salée, souillée ou dangereuse à consommer. »

Aujourd’hui, cette question de l’eau pourrait devenir, dans un futur proche, l’un des facteurs principaux des conflits internationaux. Ce reportage a reçu en 2014, le Grand Prix AFD / Polka.

Il est rarissime que l’on éprouve aussi directement, au vu d’un travail photographique, le sentiment de ce qui l’a nourri, ce qui, au jour le jour, en a été l’objet. D’autant que ce sentiment est en parfaite contradiction avec ce que nous pensons – ou croyons – sa­voir de la photographie de guerre.
— Christian Caujolle, Lashkars, éditions Actes Sud 2011

Massimo Berruti est né en 1979 à Rome. Après quelques cours de photographie, il abandonne la biologie en 2003 et commence à travailler en Italie et en Europe de l’Est où il documente l’immigration et la crise industrielle. Lauréat en 2009 du prix du Jeune Reporter de la ville de Perpignan, il obtient le prix Carmignac Gestion du photo-journalisme en 2010 et le Eugene Smith Fellowship en 2012 pour « The Dusty Path », son travail sur le Pakistan.

Depuis 2008, il s’est attelé à un vaste travail documentaire sur la société en mutation au Pakistan. Le dernier chapitre de ce travail est consacré aux victimes d’attaques de drones dont Massimo Berruti a réalisé des portraits de 2011 à 2013.

Massimo Berruti / Drops. Water Crisis in Gaza and the West Bank ­