Le Congo tout en beautés révélées

®Amour & Pastèque, 1984 © Chéri Samba — Photo © Florian Kleinefenn

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Amour & Pastèque, 1984 © Chéri Samba — Photo © Florian Kleinefenn

Avec la naissance de la peinture moderne au Congo dans les années 1920, l'exposition retrace un siècle de production artistique, allant de la peinture à la musique, en passant par la sculpture, la photographie et la bande dessinée ; toutes matières à découvrir la diversité et la vivacité de cette scène artistique. Mais ce n'est que la face visible de la lune congolaise présentée à Cartier car le parcours musical proposé est aussi alléchant quel le reste. Il est divisé en deux parties, un parcours musical à écouter au casque (non colonial) dans l'exposition et des événements live avec concerts qui s'égrènent de septembre à novembre et radio congolaise, sur place mi-septembre.

® Djilatendo

® Djilatendo

A la fin des années 1920, alors que le Congo est encore belge, Albert et Antoinette Lubaki et Djilatendo livrent les premières oeuvres sur papier connues, écrivant les prémices de l’histoire de l’art moderne congolais. Souvent figuratives, parfois abstraites, leurs oeuvres traitent de thèmes liés à la nature, à la vie quotidienne, aux fables locales et aux rêves. Ce que le curateur ne dit pas, c'est que le choc des cultures est important, qui apporte les techniques occidentales à l'art africain. On y sent d'une part une application à copier le modèle pour le dépasser. Et d'autre part, les surréalistes européens se délecteront autant de la peinture, dite primitive, alors dévoilée, que de la statuaire et des masques qu'ils collectionneront les premiers, y retrouvant "l'inquiétante étrangeté" qui leur était commune.. Après la Seconde Guerre mondiale, le Français Pierre Romain­ Desfossés s’installe à Élisabethville et fonde l’Atelier du Hangar. Au sein de cette école qui restera ouverte jusqu’à sa mort en 1954, Bela Sara, Mwenze Kibwanga et Pili Pili Mulongoy laissent libre cours à leur imagination et créent, dans des styles  d’une étonnante inventivité, des oeuvres lumineuses et jubilatoires.

Les années 70 voient débarquer l’exposition Art partout présentée à Kinshasa (1978) qui révèle au grand public de nombreux artistes se proclamant « populaires ». Fascinés par l’environnement urbain et soucieux de la mémoire collective, Chéri Samba, Chéri Chérin et Moke produisent une nouvelle peinture figurative s’inspirant d’événements quotidiens, politiques et sociaux, dans laquelle toute la population se reconnaît. Un art moderne qu'Actuel mettra en avant avec Chéri Samba dont Jean-François Bizot sera le mécène. Papa Mfumu’eto a lui aussi exploré la vie quotidienne et les combats ordinaires dans ses créations prolifiques de bande dessinée dont la diffusion a connu un franc succès à Kinshasa dans les années 1990. Un courant que perpétuent aujourd’hui de jeunes artistes connectés à l’actualité mondiale comme J.­P. Mika ou Monsengo Shula.

Au début des années 2000, une nouvelle génération d’artistes s’affranchit des principes de l’Académie des beaux­arts de Kinshasa. Les membres fondateurs du collectif Eza Possibles, Pathy Tshindele et Kura Shomali, affirment ainsi la vitalité de la création contemporaine et surprennent avec leurs peintures, leurs collages et leur esprit critique.

La SAPE, 2014 — © JP Mika — Photo © André Morin

La SAPE, 2014 — © JP Mika — Photo © André Morin

Le travail des photographes Jean Depara et Ambroise Ngaimoko du Studio 3Z est également présenté dans l’exposition. Photographe attitré du célèbre musicien Franco, Jean Depara est le reporter de l’extravagance des fêtes et des nuits kinoises dans les années 1950 et 1960. Ambroise Ngaimoko se concentre quant à lui sur le monde de la Sape (la Société des ambianceurs et des personnes élégantes) et du culturisme, et capture l’allure et l’énergie de la jeunesse kinoise dans les années 1970.

L’industrie musicale congolaise s’est développée durant l’âge d’or de la rumba au début des années 1950 mais, si elle a eu une grande influence dans l’Afrique Subsaharienne, cette musique urbaine est presque inconnue sur d’autres continents. Facette essentielle de l’esprit créatif du Congo, elle est tour à tour jazz, soul, rap et dance music populaire, et ponctuera l’exposition en des moments clefs, comme dans un dialogue avec les oeuvres d’art. Les visiteurs seront notamment invités à écouter la sélection musicale de Vincent Kenis (Crammed Discs) compilée en collaboration avec Césarine Boyla : des chansons du grand Franco et de son groupe OK Jazz, la douce voix de Tabu Ley Rochereau, l’émouvant Mbilia Bel, Papa Wemba le sapeur et l’éclectique Trio Madjesi. Le duo présentera également Ndule Ya Kala, son documentaire inédit composé d’une série d’interviews spontanées de figures qui ont joué un rôle direct ou indirect sur la scène musicale de Kinshasa dans les années 1960.

ET DU TOUT NOUVEAU EN DIRECT DE KINSHASA, où Nuit & Jour a une correspondante ! Un mix de racines d'avenir avec Bebson de la rue, Strombo Kayumba, Didje Angleterre, Village papa nyangombe, Lova Lova alias Willfried Beki et Michel Ekeba. Sélectionné par Kongo Astronauts pour la Pan African Space Station.


LUNDI 26 OCTOBRE À 20H

Fatal

de Serge Kakudji, Rodriguez Vangama,

CONCERTS

LUNDI 9 NOVEMBRE À 20H

PERFORMANCES, LECTURES, DISCUSSIONS EN PRÉSENCE DES AUTEURS

JEUDI 12 NOVEMBRE À 21H

VIDÉO ET CONCERT

RESERVATION

Plein tarif : 10,50 € / Tarif réduit : 7 €

demandeurs d'emploi et bénéficiaires des minima sociaux, Maison des Artistes, Institutions partenaires, Ministère de la Culture, Amis des musées) Tél. 01 42 18 56 72 Beauté Congo 1926­2015 — Congo Kitoko jusqu'au 15 novembre.

Fondation Cartier pour l'art contemporain Expositions, du mardi au dimanche de 11h à 20h.Nocturne le mardi jusqu’à 22h.