Nazanin Pouyandeh : inconsciente et collective
La peinture de l’Iranienne Nazanin Pouyandeh nous a interpellés par sa traduction surréaliste d’une réalité du moment : la transposition mythologique au service du féminisme qui n’est pas sans évoquer Frida Khalo.
La peinture de Nazanin Pouyandeh, volontiers hyper-réaliste, relève de la figuration narrative. Ses tableaux mettent souvent en scène des personnages figés dans un décor inattendu, avec un caractère décalé, étrange et inquiétant. La juxtaposition d'éléments réels et imaginaires, légendaires ou mythologiques, réorganise le monde des images et des représentations collectives et questionne le spectateur. Les sujets de ses tableaux s'imposent à elles comme des images mentales et les figures féminines y occupent une place de premier plan.
Elle avouait, début 2018, ses préoccupations pour l’exposition Ruines & Plaisirs chez Sator (sa galerie) : “L’homme, ses préoccupations existentielles, ses pulsions primitives comme le désir, la peur, la violence, la lutte pour la survie sont toujours au centre de mes toiles. En chacun de nous, il y a une part lumineuse et une part ténébreuse. Ces forces opposées qui nous tiraillent se retrouvent dans mes œuvres. Affamée d’images, je me nourris de toutes sortes de sources visuelles, cinématographiques, picturales, et de toutes les cultures. Estampes japonaises, art primitif africain, miniatures indiennes ou perses, Renaissance italienne, tout m’influence. Citoyenne du monde, je me suis construite en voyageant. La peinture est aussi un moyen de m’approprier cet inconnu qui me fascine, de m’ouvrir au monde. Je crois à la théorie de l’inconscient collectif. Mon travail est un clin d’œil à ces images qui nous réunissent, d’où que nous venions.”
Peintre jungienne à l’aise dans l’hétérogénéisation des images et des mythes, elle balance du code qui mixe allègrement l’archaïque et le moderne, l’universel et le particulier pour offrir une peinture de contes, de mythes et de croyances religieuses mises à plat. Sa modernité est là. Elle est aussi transgressive qu’elle se situe entre surréalisme et nouveau réalisme. Proche du cinéma, elle remet ainsi de la cohérence dans des mondes disloqués.
Jean-Pierre Simard
En savoir plus sur l’artiste, sur son site