Le gouvernement birman a toujours surveillé de près les Rohyngia. La plupart d'entre eux n'ont pas le droit de quitter leur village. Les autorités tiennent à jour un carnet sur chaque famille et chaque maison. Ce portrait de famille a été pris par les autorités. La famille tout entière est partie au Bangladesh.

Début 2009, les autorités ont commencé à construire une barrière entre la Birmanie et le Bangladesh. Détail abominable : ce sont les Rohingya eux-mêmes qui ont dû la construire, le gouvernement ayant décidé d'un recours au travail forcé dans "l'intérêt supérieur de la nation".

Les autorités ont utilisé l'arme du refus du mariage pour marginaliser les Rohingya. Ils doivent en effet demander l'autorisation de se marier, au prix d'une lourde taxe, et des inévitables billets extra que la corruption impose de distribuer aux fonctionnaires pour faire aboutir chaque démarche, comme d'ailleurs partout dans cette partie de l'Asie, où le prix officiel de quelque chose n'est que la partie émergée de l'iceberg, une sorte de plaisanterie cruelle. Les jeunes couples sont souvent arrêtés si on découvre qu'ils se sont mariés sans autorisation. Cette interdiction de leur mariage est une des principales causes du départ de Birmanie des jeunes Rohyngia, comme cette jeune fille (2009)

Une femme prépare un bouillon avec les carcasses de crevettes qu'elle a trouvées sur le sol d'un marché. Elle nourrira sept enfants avec.

Après avoir dû débourser de fortes sommes et attendre trois ans une réponse positive des autorités, cette jeune fille a finalement choisi un mariage religieux musulman, donc non-officiel. Quand cela a été découvert, sa famille a été punie d'une amende, et on l'a menacée de prison. Elle a fui au Bangladesh (2009).

Deux enfants jouent dans une allée inondée du camp de Tal. Chaque année, pendant la mousson, l'eau qui vient des collines qui entourent le camp se mêle à celle des égouts, et y déverse immondices, carcasses, débris. (2006)

Cette femme est malade depuis dix jours et n'a pas la force de marcher. Les dix mille Rohyngia du camp de Tal n'ont reçu aucune assistance humanitaire (2006)

Les Rohyngia arrivés au Bangladesh n'ont généralement droit à aucun soin. Le père, la mère et les membres de la famille de Sultan Ahmed, quinze ans, veillent son corps. Il est mort de la typhoïde, après quelques semaines de maladie.

Pour échapper à leur situation désespérée au Bangladesh, des milliers de Rohingya essaient de trouver des passeurs qui les emmèneraient par bateau jusqu'en Thaïlande ou en Malaisie. Début 2009, les autorités thaïlandaises ont rejeté à la mer sans eau ni nourriture tous ceux qui tentaient d'entrer dans les eaux territoriales. La plupart ont disparu, comme le fils ce ce couple, dont ils n'ont plus jamais eu de nouvelles depuis son départ en bateau en décembre 2008