Under The Dome : aux tocards qui soutiennent la police, par Syd Alexander

J'ai récemment terminé Dôme de Stephen King (1500 pages, bigup à moi-même). On ne peut pas dire que l'auteur soit un militant anarchiste, c'est de la littérature qui se veut accessible à tout le monde et qui, par le biais d'une métaphore hardie, propose la vie d'un village isolé du monde comme reflet du monde contemporain, et on suit son évolution vers quelque chose qui ressemble à une dictature fasciste.

A un moment donné, alors que les keufs n'arrêtent pas de martyriser leurs concitoyens et qu'ils veulent couper l'accès aux vivres, ils se font un peu molester. Avec l'aide de la propagande locale, ils parviennent à se poser en victimes, tant et si bien que les gens se mettent à porter un brassard pour signifier leur soutien à la police. A ce moment, le lecteur se rend compte que quelque chose est en train de basculer.

Cette sensation si évidente lorsqu'il s'agit de littérature ne semble pas heurter plus que de raison la plupart des bovidés que j'ai pour congénères. Après quelques mois de militantisme caressant, incluant, pédagogique, je dois dire que ma démarche atteint ses limites. J'ai tout simplement envie de dire aux tocards qui soutiennent la police que leur existence facultative se confond avec celle de n'importe quel algorithme binaire, toujours prêt à obéir aux ordres de la manière la plus linéaire, et avec la même autonomie intellectuelle.

La première grande arnaque, c'est de présenter ce pathétique petit coup de gueule comme une démarche anti-système, alors que les flics sont précisément ceux qui défendent corps et âme, jusqu'à l'hystérie, le système en place. La seconde consiste à présenter leurs revendications comme politiquement neutres. Ces petites choses fragiles qui font caca dans leur froc dès qu'elles n'ont pas un gun chargé sur elles réclament que soient élargies les conditions de la légitime défense. En d'autres termes, elles veulent pouvoir tuer plus facilement (il y a entre 10 et 15 Noirs ou Maghrébins innocents qui sont assassinés par la police chaque année, avec un nombre dérisoire de poursuites, et parmi ce nombre dérisoire, un nombre plus dérisoire encore de condamnations).

Face à la câlinothérapie que leur accordent en permanence les médias comme les politiques comme d'ailleurs la plupart de ceux qui ont accès au discours public, il faut opposer une contre-offensive claire, nette, radicale, massive.

Oui, la police est raciste. Oui, la police tue. Oui, la police défend la propriété privée. Oui, la police est l'héritière d'une tradition monarchique (avec le même attachement irrationnel et profondément débile à la raison d'état). Non, les policiers ne sont pas les grandes victimes du néolibéralisme (ils sont même l'exception qui s'en sort à peu près normalement). Non, ces tocards ne veulent pas faire régner la justice : dès que l'un d'eux assassine un non-Blanc ils font tous corps pour le défendre. Non, ils ne sont pas anti-système. Ils veulent au contraire renforcer, à leur bénéfice, un système qui est en train de partir sérieusement en sucette.

Puisque Joey Starr semble avoir changé son fusil d'épaule, à nous de reprendre le flambeau : NIQUE LA POLICE !!!

Syd Alexander