Un mercredi pas comme les autres à la Défense avec une action exemplaire des Gilets noirs

Photo Rose Lecat

Photo Rose Lecat

Ce mercredi 12 Juin, les collectifs sans papiers de la région parisienne étaient déterminés à gagner. Pas la guerre, juste une bataille, mais qu'elle était belle !

Certaines grosses entreprises françaises, non satisfaites de leur bénéfices indécents, non contentes de la "rentabilité insuffisante" des humains qu'elles font travailler, au nom d'un capitalisme foncièrement égoïste, se servent de la fragilité de ces personnes sans papiers qui ont fui leur pays pour tenter de survivre. Alors elles les font travailler, mais plus que de raison. Non paiement des heures supplémentaires, brimades quotidiennes, refus de fournir ce qui leur revient de droit. La régularisation ne peut être obtenue que via le fameux formulaire CERFA, fourni par l'employeur, après un certain temps passé dans l'entreprise. Les bulletins de salaire ne suffisent pas à obtenir le sésame. Pouvoir se promener sans crainte dans la rue, ne pas sentir cette perpétuelle épée de Damoclès suspendue au dessus de leur tête, vivre quoi..

Tel est le rêve de ces personnes, qui ont pourtant souvent énormément souffert. Au point de s'éloigner de leurs familles (quand elles n'ont pas été décimées par les guerres soutenues par les gouvernements occidentaux...). Alors ils se regroupent, ils échangent, ils se parlent, ils s'entraident. Et peu à peu décident d'entrer en action. La première eut lieu à l’aéroport Charles de Gaulle/Roissy, on s'en souvient, et nous racontait comment les expulsions illégales sont monnaie courante en France, les retours à l'envoyeur dans des pays où la mort les attend parfois... La seconde se tint hier mercredi 12 juin à la Défense. La tour Elior fut investie par 400 personnes sans papiers ainsi que leurs soutiens, vers 14h. L'arrivée fut joyeuse, mais déterminée. La suite? après quelques interventions chaleureusement applaudies, ce fut l'obtention d'un rendez vous avec la direction de la société Elior. Aussitôt dit, aussitôt fait, la délégation a été reçue cet après midi. La fin ? Un engagement écrit du directeur général d'examiner toutes les demandes de régularisation, lors d'une rencontre prochaine le 8 juillet 2019, à laquelle tous les noms des salariés concernés lui seront communiqués.

Cette action est exemplaire, car il faut le mentionner, aucun des sans papiers venus sur cette action n’est lui-même concerné directement, puisqu'ils ne sont pas salariés de cette entreprise. C'est donc uniquement la solidarité, la conscience de classe partagée, l'intérêt collectif qui a guidé les âmes aujourd'hui. Et c'est un message fort, adressé à ceux qui n'ont ni cœur ni oreilles mais qui devront finir par accepter une réalité toute simple. L'homme dans son humanité, est capable de tous les exploits pour abattre les murs d'injustice. A bientôt les gilets noirs. On vous aime.

Nathalie Athina, le jeudi 13 juin 2019

Documents

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LA DÉLÉGATION EST SORTIE !

C’est une victoire, car le 8 juillet les Gilets Noirs seront reçus à nouveau pour examiner la liste de personnes à régulariser chez Elior !

Nous avons un engagement écrit du directeur général.

C’est la victoire de la dignité et de la lutte des gilets noirs.
C’est une victoire contre le racisme
C’est un message à Elior, aux autres entreprises et à tous les patrons voleurs.
Tous doivent savoir que partout où il y a des sans papiers et des entreprises qui les exploitent les gilets noirs seront là. 
Pour se protéger et pour rendre les coups.

Hier, les petits chefs d’Elior disaient à Mamadou, membre des Gilets Noirs, en refusant de lui payer ses heures supplémentaires, : « Écoute, tu travailles, tu fermes ta bouche, tu baisses la tête et c’est gagnant - gagnant ».

Aujourd’hui, plus de 400 Gilets Noirs sont allés chercher le patron et ont occupé le hall de la tour Égée du Groupe Elior à La défense pour exiger la fin de l’exploitation des sans papiers. L’esclavage est terminé !

Si les promesses ne sont pas tenues, on l’a dit et on le redit dès maintenant on reviendra.
Et cette fois, on va rester.

C’est aussi un message à la préfecture de Paris qui doit savoir que les gilets noirs tiennent toujours leurs promesses et que tous les papiers qui manquent, on ira les réclamer ou les arracher.

SOYONS NOMBREUX.SES AU RDV du 8 JUILLET AVEC LES GILETS NOIRS !

PAPIERS, LOGEMENT ET LIBERTÉ MAINTENANT POUR TOUS.TES !!


LE TRACT DES GILETS NOIRS

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« Je veux vous dire on est des marchandises pour eux ! S’ils nous donnent des papiers ils perdent leur commerce. Alors, il faut qu’ils se disent un homme s’est levé. On n’est pas des ballons, on est pas des enfants. La lutte c’est pas que pour les papiers. La chose que tu n’as pas vu c’est dans la lutte que tu vas la voir. Dedans il y a le bonheur et il y a le malheur. Il faut que ça devienne rouge et il faut se lever pour le faire sortir. La honte c’est pas nous c’est eux. Il faut qu’ils se disent que les noirs ne sont plus le noir mais qu’ils sont devenus rouge.»
Gassama, foyer Riquet


À la Bourse du travail, le 23 février 2019, des habitants de 43 foyers franciliens et des locataires de la rue en lutte complotent. Diakité, membre du Collectif la Chapelle Debout :
« On s’est levé.e.s. On a quitté nos activités quotidiennes et on s’est levé.e.s . Nous, les GILETS NOIRS sommes le plus grand mouvement de sans papiers aujourd’hui en France.
Le gouvernement français sait qu’on existe.
Il sait qu’on est là et qu’on se mobilise.
Mais il ne sait toujours pas de quoi on est capable !
On a commencé le 23 novembre 2018.
C’était au musée de l’immigration.
On était entre 300 et 400 personnes.
On a continué à mobiliser les gens jusqu’au 16 décembre où on a fait une action d’occupation à la Comédie française.
Et ce jour là on était 720 personnes.
Et on a ouvert la porte de la préfecture »… Pour négocier.
Le 31 Janvier nous étions 1500 pour accompagner la délégation.
Les chefs n’ont pas tenu parole. «Nous vous recevrons tous les mois» … On attend toujours.
On avait demandé l’arrêt des déportations et Abou, Amadou, Samba, Tymera, Imane, Hicham, ont été expulsé.es de force en Espagne, en Italie, au Soudan et au Maroc sous couvert de Dublin, d’accords bilatéraux, par pur et simple acharnement policier, judiciaire, médical, raciste.
Nous nous sommes organisé.es pour que beaucoup puissent revenir, pour que chacun.e fasse revenir ou venir nos parents, nos enfants, nos femmes et nos hommes, nos ami.es et tou.tes les nôtres.
À la Préfecture de Paris Cité, les méprisant.es n’ont pas cessé de nous dire : «on ne peut pas, c’est pas notre responsabilité, pas de notre compétence, il manque ce papier»
« On parlera à vos chefs alors ! »
Nous appelons toutes les forces en France, en Europe ou ailleurs à soutenir cette campagne contre la peur et la honte.
Pour l’égalité, la dignité et la justice et leur déclinaison concrète : Papiers pour tous.tes !
Pour recommencer à gagner parce que nous avons tout, trop perdu. Papiers pour tous.tes !
Pour arrêter de déplorer et parce qu’il faut faire.
Pour ne plus attendre.
Parce que nous sommes ici et que nous sommes partout. Papiers pour tous.tes !
Contre :
Les OQTF, le 115, le travail au noir chez Elior, ou le désamiantage sans protections, le CRA, les gares de Calais et Vintimille, Dublin en fuite, les contrôles au faciès à Aubervilliers 4 chemins, l’OFPRA, dormir dehors, la CNDA, la Porte de La Chapelle, l’AME refusée, faire la queue à la préfecture ou pour manger, l’OFII, les patrons et les entreprises négriers
Papiers pour tous.tes !

« Les immigré.es ont une voix et ils et elles s’en servent »

Nous sommes la liberté de circuler et de s’installer en acte, nous l’arracherons en droit.
Au nom de celles et ceux qui ne sont pas arrivé.es,
Pour nous sauver nous mêmes, et, pour celles et ceux qui veulent venir.
PAPIERS MAINTENANT !
Aujourd’hui on n’est pas venus nettoyer la tour d’Elior, on l’attaque ! On attaque La Défense car c’est le cœur de l’impérialisme.
Ici il y a toutes ces tours qu’on balaye à 6 heures du matin : celles de Total et Areva qui pillent l’Afrique, de Suez qui vole son eau, de la Société Générale qui vole son argent et qui finance la pollution de l’Afrique avec les centrales à charbon, de Thalès qui construit les armes avec lesquelles ils y font la guerre.
La France et ses entreprises s’enrichissent sur notre dos et délèguent l’esclavage et la guerre aux Etats africains.
Ils distribuent l’argent et les armes pour garder les mains propres.
Les mêmes qui détruisent nos vies là-bas nous font la guerre ici !
On attaque Elior comme on attaquera toutes les entreprises qui exploitent les immigré.e.s sans-papiers. Elior, implanté dans 15 pays, qui prétend former une «grande famille» avec ses 132 000 employé.e.s, et se donne comme mission de «nourrir le monde et prendre soin de toutes et de tous dans chaque moment de la vie», nous fait travailler de force, sous la menace de la dénonciation et de la déportation. On est venus pour gagner de l’argent pour nos familles, pas pour mourir de fatigue et se casser le corps.
Elior, n° 4 mondial en restauration collective, avec un chiffre d’affaire de 6694 millions d’euros en 2018, nous fait travailler comme deux personnes pour un seul salaire, paye 200 € au lieu de 1200 quand il veut bien payer. Quand on affronte le patron seul, on nous dit « on peut pas te garder, t’as pas de papiers » alors que tant qu’on se tue au travail en silence, ils s’en foutent des papiers ! Et quand nos camarades femmes de chambre luttent courageusement comme en ce moment à Marseille, Elior fait briser la grève par les flics, leurs menottes et leurs procédures.

Ils ont peur des immigré.e.s qui luttent pour leur dignité, qu’on contamine les autres, alors on est là ! On vient chercher le patron et lui dire que c’est fini !
On attaque parce que le patron est un flic comme un autre.
Si les patrons, les compagnies aériennes et les autres nous exploitent c’est parce que l’Etat nous refuse les papiers, et l’Etat nous refuse les papiers parce que les patrons ne veulent pas nous donner le CERFA (formulaire administratif du ministère de l’intérieur signé par le patron). C’est ensemble qu’Etat, patrons et leurs maudites lois organisent le racisme et la vie dure pour les immigré.e.s sans-papiers.
Préfectures et patrons se renvoient la balle. Nous on arrête de jouer.
On est contre la «régularisation par le travail» car c’est un mensonge. On nous dit que si on baisse la tête, on aura des papiers au bout de 24 fiches de paye. Mais beaucoup n’ont toujours pas de papiers après 24 ans de chantier.
Tout le monde doit avoir des papiers tout de suite, qu’on travaille ou non, qu’on soit là depuis dix heures ou dix ans. Pourquoi on devrait se casser le dos pour avoir le droit de vivre ici ?
On attaque parce qu’Elior aussi enferme et déporte.
Elior, comme ONET, GEPSA (Engie, ex-GDF) et d’autres, nous force à balayer les cellules et préparer les repas de nos camarades enfermé.e.s dans les Centres de Rétention et les prisons (Béziers, Roanne et Nancy). C’est Elior qui fait tourner le CRA de Plaisir (78) où notre camarade D. est retenu prisonnier !
En 2010, 4 sans-papiers sur le chantier Bouygues du CRA du Mesnil-Amelot ont été arrêtés au travail et enfermés dans la prison qu’ils construisaient.
Ils forcent les immigré.e.s à construire leurs propres prisons, à travailler contre eux-mêmes !

Notre force c’est de nous unir, alors ils font tout pour nous diviser !

Elior nous force à faire le ménage chez nos oppresseurs : Thalès, Safran, la Direction Générale de l’Armement, à l’ambassade U.S, qui organisent la guerre en Afrique et ailleurs ; Commissariats et tribunaux qui nous condamnent parce qu’immigré.e.s ; Ministère des Affaires Etrangères, qui décide que certain.e.s ont le droit à un visa et que d’autres doivent traverser la mer, le désert et l’esclavage en Libye pour venir crever ici à petit feu. Et même au terminal 2F de Roissy-CDG, qu’on a attaqué il y a 10 jours !
Alors on vient chercher Philippe Guillemot, PDG-exploiteur-en-chef d’Elior, on vient le faire descendre du haut de sa tour et on exige :
- la libération immédiate de notre camarade D. prisonnier politique du mouvement, et de tous.tes les autres, dont Elior nettoie la prison à Plaisir sous contrat avec la préfecture des Yvelines
- qu’Elior stoppe toute participation financière, logistique
ou politique à l’enfermement et à la déportation des immigré.e.s sans-papiers ;
- qu’Elior annonce le nombre d’immigré.e.s sans-papiers qu’il exploite et qu’il s’engage à leur obtenir des papiers ;
Appelez le Premier Ministre, dites-lui que les Gilets Noirs arrivent !

Les Gilets Noirs en lutte

gilets-noirs-en-lutte@riseup.net
Contact : Collectif La Chapelle Debout
Mail: collectif.lachapelle.debout@gmail.com
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