Quartiers populaires Gilets jaunes, le temps des alliances ?

Mercredi 13 février 2019.

Marche de soutien pour Sébastien MAILLET, blessé lors de la manifestation du 9 février 2019.

Une main arrachée par une grenade de désencerclement lancée par la police.

Une vie détruite, une de plus.

Il faisait froid ce mercredi à Argenteuil mais cela n'aura pas entamé la détermination et la solidarité des manifestants.

Émotion palpable, gravité également de la part des participants...

De nombreux gilets jaunes se trouvent sur place dès 17h mais également les représentants de partis politiques de gauche et de syndicats venus en soutien.

Car la cause est grave. La police blesse, la police tue, la police mutile, et cela ne date pas d'hier.

La banderole de tête et à cet égard significative "des révoltes de 2005 au gilets jaune, de Zineb REDOUANE à Sébastien MAILLET, STOP aux violences policières”.

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SOUVENIRS ...

Chacun d'entre nous se souvient ou devrait désormais se souvenir des émeutes de 2005.

Chacun d'entre nous se souvient ou devrait désormais se souvenir de ZYED et BOUNA, morts le 27 Octobre 2005, à 15 et 17 ans, électrocutés dans l’enceinte d'un poste électrique dans lequel ils s'étaient réfugiés pour échapper à un contrôle de police...

Chacun d'entre nous doit se rappeler ou devrait désormais se rappeler d'Adama TRAORE...

Et du combat indéfectible et digne, de sa soeur, Assa TRAORE, depuis cette tragique, cruelle, et injuste mort, due à la brutalité policière, toujours impunie.

Adama TRAORE est mort à 24 ans le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan. Depuis, proches et soutiens se battent sans relâche. Depuis, c'est cinq de ses frères qui ont été condamnés tandis que les responsables de sa mort sévissent toujours.

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http://www.cases-rebelles.org/combats-apres-combats-les-traore-et-le-comite-adama/?

Chacun se souvient ou devrait se souvenir désormais d'Ali ZIRI...

Et de tant d'autres qu'il serait interminable, (ce constat étant glaçant) de dérouler la liste des victimes de ces pratiques brutales téléguidées par l'Etat.

Les quartiers populaires, eux, se souviennent.

DES VIOLENCES OMNIPRESENTES FACE A L'INDIGNATION GENERALE

Aujourd'hui, grâce au mouvement des gilets jaunes, ou devrait-on dire peut être, à cause du mouvement des gilets jaunes, ces violences d'État, ces violences policières se sont rendues visibles aux yeux de tous.

Indignation générale, oui, mais le propre des quartiers populaires est d'être coutumiers de ces violences quotidiennes, de ces humiliations de ces brimades, depuis de nombreuses années.

Une difficulté aujourd'hui est de ce fait, bien présente:

Comment rallier la lutte actuelle à celle des quartiers alors même qu'ils ont été stigmatisés, affichés comme éléments socialement perturbateurs, par une communauté bien pensante et blanche de préférence...Et finalement pourquoi donc se rallieraient ils, après avoir été jetés en pâture au jugement populaire par le biais de la communication étatique, médiatique ou partisane?

C'est à cet égard que cette initiative de ce mercredi 13 Février 2019 était très importante et symboliquement essentielle, parce qu'elle était l'occasion de rassembler sur "le terrain" des gens qui ne se rencontrent pas habituellement, parfois cantonnés dans l'entre soi imposé par un système divisant et clivant.

Juste 3 jours, pour organiser cette manifestation. Le résultat fut à la hauteur des espérances, et comme nous l'a confié Amel, " on bombe le torse, nous les banlieusards, on a réussi en si peu de temps à organiser ça !" Fierté légitime et méritée...

Quelques figures médiatisées du mouvement des Gilets Jaune, comme Jérôme RODRIGUES, étaient bien présents, bien qu'on apprenait le jour même qu'il perdait définitivement son œil à un tir de flash-ball.

La manifestation, partie de la gare d'Argenteuil sur des slogans antiracistes, et contre la violence de la police, fut tout le long du parcours, dans une dynamique à la fois très énergique et très digne.

La vision du papa de Sébastien en tête de cortège, au visage préoccupé et triste, ne manqua pas d'attirer notre attention et notre tristesse.

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Et se pose encore et encore la question cruciale de la difficulté qu'éprouvent les victimes, et les familles des victimes, de se sentir en sécurité dans un système de société qui privilégie les forts et les plus riches, et inverse le rôle des victimes, en les faisant passer pour coupables.

Ce qui nous aura en définitive le plus marqué, fut l'attitude des passants aux abords de la manifestation.

A Argenteuil, les passants nous interrogent, ils nous demandent mais pourquoi manifestez-vous? De quoi s'agit-il?

Lorsqu'il comprennent que nous sommes là pour soutenir ce jeune homme dont la vie a été détruite, que nous sommes là pour évoquer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie en raison des violences policières, alors ils nous rejoignent avec leurs baguette de pain, avec leurs sacs de courses...

C'est sur cette note que nous resterons, avec un sentiment doux amer, mais plein d'espoir finalement, malgré la forte présence policière qui fût constamment au contact de la foule ... mais n'aura pas entamé cette détermination qui est et restera le moteur qui nous conduira au Printemps qui arrive.

Nathalie Athina

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« Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »

Victor Hugo, Avril 1851