Tout pour les gosses : l’histoire d’une employée de maison philippine au Caire
Par une chaude journée de l’été 2012, deux Philippines bien vêtues sont arrivées à l’hôtel JW Marriott, sur le boulevard périphérique du Caire, portant leur sac à main au creux du bras comme elles l’avaient si souvent vu faire à leurs patronnes. Elles ont patienté pendant des heures dans le hall en sirotant de petites tasses de café, dans l’attente d’un appel téléphonique.
Dans une des chambres de l’hôtel se trouvait Coco, une autre Philippine, au Caire pour la première fois. Elle était venue accompagner sa patronne qui vivait à Alexandrie. Coco s’était soigneusement préparée pour l’occasion, emportant un foulard pour couvrir ses cheveux pour éviter d’être questionnée par le personnel de l’hôtel. Elle savait qu’elle ne pourrait emporter aucune de ses affaires, et avait donc enfilé plusieurs couches de sous-vêtements sous sa robe.
En cette fin d’après-midi, la patronne de Coco était absorbée par un jeu télévisé qu’elle suivait fidèlement cet été-là. Voyant là un signal, Coco se faufila dans la salle de bains. Elle tira la chasse d’eau et profita du bruit qu’elle faisait pour prendre la porte. La carte-clé magnétique qu’elle avait emporté dans l’espoir d’utiliser l’ascenseur ne fonctionnait pas. Voyant un surveillant de l’hôtel s’approcher, elle s’inquiéta et se dirigea vers l’escalier, mais il la rattrapa. Le surveillant se mit à la questionner en arabe, langue que Coco n’avait pas encore apprise. Feignant le calme malgré son cœur qui battait la chamade, elle lui fit comprendre, par gestes et en répétant le mot raseed, qu’elle voulait acheter des crédits pour son portable. Le surveillant se laissa convaincre. Une fois dans le hall, Coco composa le numéro qu’elle avait appris par cœur des mois auparavant. À l’autre bout du fil, Sandra, qui attendait ce appel en sirotant son café, lui dit de se diriger vers l’arrêt des taxis. Coco fut paniquée. À quoi ressemblait un taxi dans cette ville ? Toujours terrorisée à l’idée d’être surprise en pleine évasion, elle scruta la rue pour y voir quelque chose qui ressemble à une voiture blanche avec un signe lumineux jaune sur le toit.
Sandra repéra Coco près de l’arrêt des taxis et lui fit signe de monter dans l’un d’entre eux. Elle donna un pourboire généreux au gardien de l’hôtel, et toutes les trois se dirigèrent vers la Cité du 6 Octobre, à l’autre bout de la ville. C’était là que Sandra vivait avec son mari, et où ils allaient héberger Coco jusqu’à ce qu’elle reprenne pied
La longue route depuis General Santos jusqu’au Caire
Fille d’un pêcheur, son premier emploi avait consisté à vendre des chaussures, dans un grand magasin de la province côtière de Sarangani, aux Philippines. À 17 ans, elle avait fait deuxième dans un concours de chant. « J’ai fini deuxième, ce qui ne voulait rien dire. Si j’avais fini première, j’aurais pu aller concourir en Amérique, » dit-elle avec un haussement d’épaules. Elle s’était mariée l’année suivante,quittant Sarangani, un endroit qu’elle décrit en termes idylliques, pour aller vivre avec son mari dans la Ville de General Santos, à une heure de voiture. Devenue mère, Coco avait travaillé dans une conserverie de thon pour subvenir aux besoins de sa famille. C’était mal payé, et elle ne pouvait y travailler que sur la base de contrats saisonniers, ce qui signifiait, bien qu’elle y ait travaillé constamment mais de façon intermittente entre 20 et 30 ans, tout en élevant ses enfants, elle n’avait de revenus sûrs que pour deux ou trois mois à chaque fois, sans aucune garantie d’emploi le reste de l’année.
Quand son mari fut emprisonné pour infractions liées à la drogue, Coco se retrouva seule à nourrir sa famille. Elle comprit alors qu’elle ne réussirait pas à envoyer ses enfants à l’école sur d’aussi maigres revenus. À l’âge de 30 ans, elle accepta une offre pour aller travailler au Japon comme chanteuse. Là-bas, son salaire excéderait de loin ce qu’elle pouvait espérer gagner aux Philippines.
Les trois filles de Coco eurent vent de rumeurs selon lesquelles toutes les Philippines qui travaillaient au Japon se prostituaient. À son retour, elles confièrent à leur mère ce qu’elles avaient entendu pendant son absence. Comme elle ne voulait pas mettre ses enfants dans une position inconfortable, Coco leur jura qu’elle resterait désormais aux Philippines, malgré les demandes pressantes de son employeur qui voulait qu’elle revienne travailler au Japon. Après plusieurs années d’attente, il était maintenant clair qu’elle ne pouvait pas compter sur la libération de son mari. Lors d’une visite qu’elle lui rendit en prison, elle conçut un quatrième enfant. Un garçon, cette fois.
À court de revenus et sans autre alternative, Coco prit contact avec une compagnie de la Ville de General Santos, qui proposait des contrats aux femmes désireuses de travailler à l’étranger comme employées de maison. Un contrat de deux ans auprès d’une famille du golfe Arabo-persique devrait rapporter un salaire mensuel de 400 dollars US, assorti d’une permission annuelle pour rentrer chez elle. Devenue pratiquement mère célibataire, Coco prévoyait qu’elle pourrait envoyer presque toute cette somme à sa famille.
Quand Coco est arrivée au Koweït en 2010, son employeuse, une Palestinienne mariée à un Libyen, l’a informée que son salaire ne serait que la moitié de la somme promise, soit 200 dollars par mois. De plus, Coco n’aurait pas de congés. Son passeport lui fut enlevé et enfermé dans un coffre. Deux semaines après son arrivée, le couple déménagea à Alexandrie d’Égypte et y emmena Coco.
La patronne de Coco n’autorisait aucune de ses employées à sortir sans être accompagnée d’un garde. Dans le sous-sol où elle dormait, il n’y avait pas de réseau pour son portable, et elle n’avait droit qu’à cinq minutes par jour montre en main pour parler à ses enfants restés aux Philippines.
Les ruptures abusives de contrat caractéristiques du premier emploi de Coco au Moyen-Orient sont monnaie courante. Des situations où des employées de maison sont retenues contre leur volonté et souvent soumises à des mauvais traitements quotidiens sont suffisamment fréquentes au Caire pour que l’ambassade des Philippines au Caire ait mis un refuge à la disposition des employées de maison qui s’enfuient de chez leurs employeurs. L’ambassade leur délivre régulièrement des documents de voyage pour remplacer les passeports enfermés dans les coffres des employeurs, et finance leur rapatriement quand nécessaire. Cependant, beaucoup d’employées comme Coco se retrouvent sans aucune alternative, dans la mesure où un rapatriement forcé ne ferait que les replacer dans la situation économique qu’elles avaient été obligées de fuir à l’origine.
À Alexandrie, Coco eut à subir quotidiennement diverses formes de mauvais traitements. Un matin, le mari de sa patronne renversa délibérément tout ce qui se trouvait sur les étagères situées près de l’entrée principale de la maison. « Je reviens dans cinq minutes, et je veux que tout ça soit nettoyé. Cinq minutes, compris ? » Désemparée, Coco dut se démener pour tout remettre en ordre. Et puis il y eut un autre incident alors qu’elle faisait la vaisselle, très tard le soir. À l’époque, elle avait des cheveux très longs qui lui arrivaient jusqu’à la taille. Sa patronne se posta derrière elle et tira très fort sur sa longue queue de cheval, en disant « Il te faut un homme, non ? » Lasse d’être soumise aux humiliations répétées que lui faisaient subir ses employeurs, et incapable de partir de son propre chef, Coco voulait désespérément être renvoyée. Elle alla à la salle de bains, prit une lame de rasoir et se rasa les deux sourcils. Puis elle dénoua sa queue de cheval et recouvrit son visage et le haut de son corps de ses cheveux. Ensuite elle retourna à la cuisine pour que sa patronne la voie comme cela. Sa patronne s’enfuit dans sa chambre en hurlant. À sa grande déception, elle ne fut pas renvoyée. On lui ordonna simplement de ne jamais refaire une chose pareille.
Quand le père de Coco fut hospitalisé aux Philippines, étant en fait l’unique soutien de sa famille, elle demanda une avance sur son salaire afin de payer les médicaments dont il avait besoin. Son employeuse refusa. Bien que son père fût sur son lit de mort, elle ne fut pas autorisée à aller le voir avant que la maladie ne l’emporte, ni même à assister à son enterrement. C’est alors qu’elle comprit que, bien qu’elle ait été en mesure d’envoyer presque tout son salaire à sa famille, son travail ne valait pas la peine qu’elle soit séparée d’elle. Cependant elle n’était toujours pas en possession de son passeport, et elle était jalousement surveillée jour et nuit. Elle entrevit une lueur d’espoir le jour où la cuisinière de la famille, une Indonésienne, lui glissa à l’oreille qu’elle avait le numéro de téléphone d’une Philippine libre. « Cette femme vit au Caire, » lui dit-elle. « Peut-être qu’elle pourra t’aider. » Trouvant trop risqué d’écrire le numéro, elle l’apprit par cœur. Il se passa des semaines avant que se présente le bon moment pour contacter Sandra en toute sécurité et établir des projets d’évasion.
Libre mais sans papiers
Quand Sandra vint au secours de Coco, elles étaient encore pratiquement des étrangères l’une pour l’autre. Coco n’a pas oublié la générosité de Sandra, et elle sont restées des amies proches jusqu’à ce jour. Pendant son court séjour chez Sandra suite à l’aventure du Marriott, Coco a appris l’existence d’un réseau de Philippines employées de maison dans la région du Caire. Beaucoup d’entre elles travaillaient sans contrat et jouissaient donc de leur liberté, mais elles résidaient dans le pays illégalement. D’autres avaient régularisé leur situation en se mariant ou grâce à un contrat de travail, de façon à ne pas vivre sous la menace constante d’être expulsées.
Par l’intermédiaire du réseau de Sandra, Coco a trouvé un emploi logé dans une famille égyptienne d’El Obour, en périphérie du Caire. Malgré des mauvais traitements de la part de ses employeurs, elle a été heureuse de pouvoir gagner de l’argent à envoyer à ses enfants sans être retenue contre son gré. Au bout de quelques mois à El Obour, Coco avait suffisamment économisé d’argent pour pouvoir quitter son emploi logé et louer une chambre à elle à El Mohandessin et travailler à son propre compte pour plusieurs employeurs. Désormais, Coco possédait une maîtrise correcte de l’arabe et avait appris à se repérer dans la ville dans sa recherche de nouvelles opportunités.
Toutefois elle se trouvait toujours en Égypte sans statut légal, et plus de passeport. Pour éviter d’être identifiée comme fugitive et rapatriée de force, Coco obtint un document de voyage de remplacement de la part de son ambassade en déclarant simplement la perte du sien. Pourtant, même avec ce document de remplacement, elle avait peur d’aller voir sa famille au cas où, si elle quittait l’Égypte, elle ne serait pas autorisée à y revenir.
Le mari de Coco, toujours prisonnier aux Philippines, mourut, et elle se retrouva veuve après des années de séparation. Elle continua de travailler sans relâche, à la fois comme femme de ménage et comme nounou, pour soutenir sa famille restée aux Philippines et envoyer ses enfants à l’école. Ses enfants grandissaient et son fils, qui avait deux ans la dernière fois qu’elle l’avait vu, était maintenant élève à l’école primaire.
Avant 2017, il était rare que des citoyens de pays d’Asie du Sud-est soient interpellés en public et qu’on leur demande de justifier la légalité de leur présence en Égypte. Cependant, depuis le début 2017, en violation flagrante des conventions, plusieurs incidents de ce type ont eu lieu, entraînant la détention illégale de ces citoyens sans que leurs consulats respectifs en soient avertis. Les conséquences pour les étudiants dépourvus de papiers en règle sont généralement moins sévères que pour les employées de maison. Certaines d’entre elles ont déclaré à plusieurs reprises avoir subi des violences tant physiques que sexuelles pendant leur détention.
Une amie philippine de Coco a avancé l’idée d’« acheter » un mariage pour obtenir le statut de résidente. Considérant les mauvais traitements subis par le passé, et privée de son passeport, cette option semblait plus viable à Coco que de signer un contrat de travail. Désirant désespérément revoir sa famille, Coco étudia cette possibilité. Elle fut mise en contact avec un homme qui avait déjà épousé trois Philippines.
Coco mit le plan à exécution et paya une forte somme pour se marier. Ayant obtenu son nouveau statut légal, elle était libérée de l’angoisse de la déportation, et cela signifiait qu’elle pouvait finalement sortir d’Égypte et y revenir, liberté dont elle était privée depuis son arrivée plusieurs années auparavant. Mettant bout à bout les cadeaux de ses employeurs et ses propres économies, elle réussit en 2016 à réunir une somme suffisante pour acheter un billet aller-retour pour Manille.
Elle a décrit le paradoxe d’avoir à découvrir les habitudes de son fils, alors qu’elle connaissait intimement celles du bambin de trois ans d’origine indienne dont elle était la nounou au Caire. « Rohan réclame toujours du yaourt, il pleure quand les aliments sont trop épicés. En rentrant aux Philippines, j’ai été obligée de demander à mon fils quoi lui faire à manger. Je ne savais même pas ce qu’il aimait. »
Les filles de Coco se plaignaient du comportement rebelle de leur petit frère et de son manque d’assiduité à l’école. Cependant, pendant sa visite chez elle, son fils, maintenant âgé de douze ans, n’a manqué aucun jour d’école, montrant par son attitude irréprochable combien il désirait le retour définitif de sa mère.
Coco ne pouvait pas se permettre d’être trop longtemps absente au travail, et sa visite ne dura qu’un peu plus de deux semaines. À son retour en Égypte, son mariage vénal s’avéra non viable.
L’homme à qui elle était mariée sur le papier se mit à exiger d’elle des sommes de plus en plus importantes si elle voulait rester sa femme. Comme elle ne pouvait pas se procurer de telles sommes, il se mit à lui faire des avances sexuelles assorties de menaces. Coco déménagea en faisant tout son possible pour qu’il n’apprenne pas sa nouvelle adresse. Elle demanda des conseils à des employeurs qui travaillaient dans la diplomatie. Ils promirent d’aider Coco à se procurer un visa, et quand son mari aux yeux de la loi la menaça à nouveau de divorce, elle le surprit en acceptant avec joie son offre, puis rompit tout contact après que le divorce fut légalement prononcé .
Une fois de plus, Coco se retrouva en Égypte sans statut légal. Cette fois-ci, cependant, dans cette ville où elle avait été incapable de reconnaître un taxi, elle se sentait maintenant chez elle. Coco s’était constitué un réseau d’employeurs honnêtes qui tenaient à elle, elle y avait de bon(ne)s ami(e)s, elle maîtrisait bien l’arabe et avait même trouvé le moyen d’assouvir la passion qu’elle avait toujours eue pour la chanson. Elle chantait dans la chorale de l’église où elle assistait régulièrement aux offices, et avait formé un groupe musical avec deux autres Philippines qui travaillaient au Caire. Après de longues heures passées au travail, souvent chez plusieurs employeurs dans la même journée, Coco allait souvent répéter avec son groupe au lieu d’aller dormir. Le trio se produisait dans des festivals et des fêtes privées, même si Coco devait souvent s’excuser en raison de ses obligations en tant que nounou, car elle ne désirait pas laisser dans l’embarras les gens qui lui procuraient un emploi stable.
Des employeurs suédois de Coco avait demandé un visa pour elle dans l’espoir qu’elle vienne travailler chez eux à Stockholm. Coco aimait bien ces employeurs, mais elle avait peu d’espoir qu’un permis de séjour en Suède lui soit jamais accordé. Elle n’éprouvait pas non plus le désir de quitter une ville qu’elle considérait maintenant comme la sienne. À sa grande surprise, les autorités suédoises accédèrent à cette requête près d’un an plus tard. Sans guère d’alternatives, et tentée par les prestations qu’offrait un permis de séjour en Suède en matière de prise en charge médicale et de retraite, Coco accepta, mais le cœur un peu lourd, l’offre qui lui était faite d’aller s’installer en Scandinavie.
Ironie du sort, Coco se vit accorder ce statut de résidente légale en Égypte qu’elle attendait depuis si longtemps grâce à l’aide de deux employeurs allemands, quelques jours seulement avant la date prévue pour son départ. Cependant, comme elle avait donné sa parole à la famille suédoise, et bien qu’elle fût inquiète à l’idée de tourner une nouvelle page de sa vie à 40 ans passés, elle s’en tint à sa décision initiale. Ses yeux brillent quand elle mentionne le fait qu’un permis de séjour en Suède offre la possibilité d’y faire venir sa famille.
Aujourd’hui, elle peut tchatter sur internet avec ses quatre enfants. « Je suis toujours connectée, » dit-elle. « Ils peuvent toujours me texter. » Malgré les choix qu’elle-même a faits, et le mal qu’ont ses filles à joindre les deux bouts, elle pousse ses enfants à résister à la tentation d’aller travailler à l’étranger à cause de la pression économique. Ses deux filles aînées, devenues mères elles-mêmes, sont toutes les deux titulaires d’une licence. L’une est pharmacienne à Manille, et l’autre est enseignante dans une institution privée. Un soir, assise au café Simond, au Caire, Coco confie avec sa bonne humeur habituelle que ce ne fut qu’une fois devenues adultes, mariées et uniques soutiens de leurs familles respectives, que ses deux filles aînées ont montré qu’elles avaient compris le choix qu’avait fait leur mère de quitter les Philippines. « Elles m’ont dit, ‘Maman, nous comprenons maintenant pourquoi tu as agi comme tu l’as fait.’ Mais ce ne fut qu’après qu’elles avaient commencé à travailler et compris combien c’est dur. »
Quand elle pense à l’avenir, Coco ne sait pas ce qu’on peut ressentir quand on n’a pas la responsabilité de travailler pour faire vivre sa famille. Elle ne sait pas non plus à quoi ressemblera sa vie quand elle aura les moyens de retourner vivre à General Santos de façon permanente. « Est-ce que mes enfants vont m’abandonner quand je serai vieille parce qu’ils auront le sentiment que je les ai abandonnés quand ils étaient enfants ? Mais en réalité, je ne les ai pas abandonnés. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour eux. »
Natasha Pradhan نتاشا برَدهان
Traduit par Jacques Boutard
Edité par Fausto Giudice
Merci à Tlaxcala
Source: https://www.madamasr.com/en/2018/04/21/feature/society/all-for-the-kids/
Date de parution de l'article original: 21/04/2018
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=23248