Le mouvement des lycéens continue, s'élargit et s'approfondit

Le mouvement des lycées a été déclenché par celui des gilets jaunes dès le 20 novembre. Il a franchi une étape quantitative les vendredi 30 novembre et lundi 3 décembre avec respectivement 300 lycées touchés le vendredi, et 391 lundi. En majorité, les lycées mobilisés le lundi n'étaient pas ceux en mouvement le vendredi. Ce qui fait que la mobilisation a peut-être touché environ 600 lycées. Face aux violences de la police à leur encontre, ils ont également appelé à la protection des gilets jaunes et des syndicalistes, ce qui s'est souvent fait et parfois ensemble, unifiant ainsi gilets jaunes et gilets rouges.

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Si dans un premier temps la totalité des lycées concernés étaient ceux des petites villes comme pour le mouvement des gilets jaunes, le 3 décembre pour la première fois, quelques grandes villes étaient touchées, Toulouse, Lyon, Marseille, Nice et la région parisienne élargissant ainsi le mouvement à des secteurs où les gilets jaunes sont moins présents ce qui témoigne d'une évolution qualitative : les lycéens sont peut-être en train de franchir un cap que leurs aînés ont du mal à passer, la jonction entre les grandes villes et les petites, entre les secteurs ouvriers les plus pauvres et peu organisés mais en lutte et les secteurs ouvriers plus protégés et plus organisés mais sur l'expectative. Les enfants vont-ils entraîner leurs parents dans cette convergence, c'est bien possible ?

Il faut signaler ainsi que bien des lycéens se sont habillés du fameux gilet jaune, ont chanté la Marseillaise et ont repris les airs des supporters de football ce que certains militants ont du mal à accepter, mais qu'en même temps ils se mobilisaient contre la sélection sociale à l'école, contre le fait que le gouvernement veut refuser aux enfants d'ouvriers d'accéder à l'université, habillant ainsi ces symboles souvent utilisés par la droite d'un tout autre contenu, très à gauche celui-là.

Par ailleurs, le mouvement a franchi également une autre marche qualitative puisque si les deux premières semaines, les lycéens affirmaient essentiellement leur soutien aux gilets jaunes, accompagné d'une lutte générale pour un autre avenir, ils ont continué bien sûr ensuite ce soutien direct, ou en plaçant leur mouvement dans le cadre général défini par celui des gilets jaunes, mais ils ont affirmé aussi leurs propres revendications contre la réforme du bac, la sélection, Parcoursup, les sureffectifs en classe ou le Service National Universel précisant ainsi un peu plus de manière revendicative ce qu'ils continuaient à revendiquer partout : un autre avenir. Face aux violences de la police à leur encontre, ils ont également appelé à la protection des gilets jaunes et des syndicalistes, ce qui s'est souvent fait et parfois ensemble, unifiant ainsi gilets jaunes et gilets rouges.

Ce qui est notable aussi, c'est qu'à partir de ce qui apparaît en ce matin du 4 décembre ce sont les lycéens des grandes villes, en tous cas Toulouse, Lyon, Marseille pour les données fournies qui continuent la lutte mardi, mercredi... Enfin, une dernière évolution du mouvement lycéen pourrait bien modifier la donne générale en accélérant des évolutions chez les gilets jaunes mais aussi chez les gilets rouges. 

Les lycéens qui veulent continuer le mouvement non seulement dans la semaine mais surtout en fin de semaine jeudi et vendredi 6 et 7 décembre cherchent à s'organiser en Assemblées Générales et à se coordonner au delà même d'une ville, ce qui pourrait hâter le même processus en cours chez les gilets jaunes et peut-être à venir chez les gilets rouges.

Jacques Chastaing le 4.12.2018

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