La représentation frénétique de l'information nous affole, par Nilda Fernandez

Difficile dans cette pollution des mots, de se comprendre soi-même. Chaque fois que je me mets au clavier pour tenter de savoir quoi dire d'utile, de tranquille, de subtil, de juste, je me trouve face à un mur (presque) infranchissable. Nous sommes en overdose de paroles étourdissantes. Nous n'en pouvons plus de micros qui se tendent, de caméras sous le nez, de questions, des réponses, d'arguments, de polémiques. Nous sommes assourdis et abasourdis de concepts et d'idées, de bons maux, de mauvaises passes. Nous voulons vivre dans un quotidien silencieux où les élus ne twittent plus, ne parlent plus, se taisent pour entendre un peu ceux qui les ont mis là. La télévision rend malade, j'en suis sûr. La représentation frénétique de l'information nous affole. Regarder, entendre, subir la diarrhée d'images et de sons nous éloigne de nous, pauvres petits humains hantés par la disparition, qu'elle soit la nôtre, celle de ceux que nous aimons ou et celle de l'humanité tout entière, courant dans tous les sens pour fuir une catastrophe qu'on lui annonce de toutes parts.   

L'autre jour, un président de république a parlé. Je ne l'ai pas regardé. Il ne faut pas le regarder puisqu'il se ment, puisqu'il se moque de nous. Et il ne fallait pas le regarder parce que la vingtaine de millions de paires d'yeux qui l'ont fait le confortent dans une importance qu'il n'a pas. Honte à lui d'avoir joué la commisération, alambiqué les sentiments ! Honte à lui de n'avoir pas compris qu'il y a autre chose à proposer que des miettes !

L'être humain ne vit pas seulement par son ventre. Il a besoin aussi qu'on l'aime... et d'aimer. C'est d'amour déficient dont nous souffrons tous. Celui qui se donne et celui qui reçoit. 

Nilda Fernandez, le 12 décembre 2018