Doully et la vie aquaplanning

Pour qui n'a jamais connu les époques de fête (durables), le stand up de Doully sera comme un écran vide, plein de références inconnues et de diatribes sur l'alcool, le burn out et la coke, total insaisissable. A tous les autres qui ont démarré leur vie d'adulte au tournant du siècle, il parlera haut et fort d'amis perdus de vue (et pour cause, ils sont tous morts.)  

Pour situer le personnage, on dira de Doully que du théâtre il y en eut énormément… De la fête aussi, beaucoup… Puis un exil de 10 ans en Espagne, où une nuit de janvier 2016, elle eut deux idées  : 1/ rentrer à Paris, 2/ monter ce spectacle. 

Bonne pioche ! L’addiction c’est pour moi est un show/stand up/ parodique dans lequel Doully tourne en dérision les mésaventures de sa vie marquées par les addictions, avec un humour décalé, quitte à le prendre, presque à chaque fois au 3ème degré...

Dans le macronisme ambiant, c'est l'idée d'un monde festif poussé au bout de sa logique festive/mortifère - un coup d'aftershow, en plein afterbeat et comment faire face au retour à  la vie normale après n'avoir vécu que de teufs monstrueuses incluant vie active et nuits sans fin, d'un même mouvement assez tellurique de conséquences funestes. On pense aux fêtes 80's  de Canal + pour faire simple - comprend qui peut. 

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On va dire que ça joue, une heure montre en main, comme une grande baffe dans la gueule aux petites mauvaises odeurs d'aujourd'hui, en faisant sans cesse des aller-retour de la fête au réveil et de l'hier glorieux à l'actualité de la détresse… 

On va y croiser toutes les postures de l'aftershow rigoriste du revival pompidolien de 2018  (et surtout les impostures) au fil de tableaux qui mettent en scène vos vieux amis (ou ceux de vos parents.) Seront analysés au scalpel de l'humour noir, tous les petits travers des uns et des autres, que Doully se réjouit d’explorer et de nous livrer, en de véritables moments d'une virtuosité toute jubilatoire. On est tous addict ! 

Et, pour les vraiment dur de la feuille, c'est l'équivalent burlesque de La Fête de trop d'Eddy de Preto: ça cogne, c'est parfois insoutenable de justesse, d'autres, c'est approximatif, mais ça arrache de partout et ça vaut vraiment le déplacement. Après cela, on se dit qu'avec toutes les recettes ici déployées pour les rater, d'autres fêtes sont à inventer, ailleurs et autrement. Mais le constat - comme dans la Maman des poissons de Boby Lapointe : "moi je la préfère avec du citron …" 

Jean-Pierre Simard  le 31/01/18

Doully, L'Addiction, c'est pour moi tous les mercredis soirs -> 28/03/2018

Théâtre du Marais - 35, rue Volta 75003 Paris

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