Et soudain, l’évidence : Jupiter, c’est pas un titre, c’est un pseudo!

Macron 1er, Jupiter des Français. Discours à Versailles, avant celui du premier chambellan. Adoration des grands médias qui n’en peuvent plus de pousser des “oh” et des “Ah”. Roucoulades des médias étrangers, fascinés par le menton volontaire de l’Empereur, rassurés par le terrassement de l’hydre brune et de l’ogre rouge. Ça impressionne, quand même. En même temps: déni démocratique à l’assemblée, politiciens corrompus nommés à des postes clés, réformes sociales repoussées, flou total quant à un calendrier des réformes… Et soudain, l’évidence: Jupiter, c’est pas un titre, c’est un pseudo!

Et Jupiter, c’est aussi une planète géante gazeuse…

Beaucoup sur les blogs (mais pas dans les Big Médias, je vous rassure tout de suite) appellent à une sixième république, vu la concentration de pouvoirs dont bénéficie notre Louis-Napoléon Macron. Certes, certes - mais une réforme politique ne servira à rien si elle ne s’accompagne pas, en profondeur, d’une réflexion sur le rôle de l’État, sur la nature de sa démocratie et surtout sur le pouvoir réel de ses citoyens. Or il y a deux articles dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, curieusement rarement mentionnés, qui me semblent absolument essentiels et avec lesquels, il me semble, toute réforme constitutionnelle devrait commencer. Il s’agit des articles 15 et 16. Le premier dit: “La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration” et le deuxième: “Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.” Ce qui signifie la reconnaissance d’une société non-représentée par l’État (ou l’Assemblée), mais qui doit avoir le droit de contester légalement et souverainement les décisions de l’exécutif. On va me dire: “C’est dangereux”. Mais l’État aussi est dangereux - et entre les citoyens sans protection sociale, victimes d’une justice de classe et sans représentation légale en dehors des institutions qui, justement, les oppriment, et un État protégeant son existence aux dépens de ceux qu’il prétend représenter, je me demande bien qui est réellement le plus dangereux pour la démocratie?

Un début de piste: rendre l’adhésion à un syndicat obligatoire (quel qu’il soit), avec une faible cotisation, et supprimer les subventions d’État. C’est seulement par un renouveau radical des structures de protection des citoyens, créant cette “Société” civile mentionnée plus haut, qu’une nouvelle gauche est possible.

Pendant ce temps-là, à Viborg City: la droite danoise appelle à ne plus soutenir les ONG qui sauvent les migrants en mer. “Ça les fait venir,” disent-ils. C’est la droite “normale”, pas l’extrême-droite. Je dis ça, je dis rien.

Sébastien Doubinsky le 6/07/17

Bilingue, Sébastien Doubinsky écrit en français et en anglais. Il a publié des romans et des recueils de poésie en France, en Angleterre et aux USA. Il vit actuellement à Aarhus, au Danemark, avec sa femme et ses deux enfants. Il ne se cache pas d'être écrivain & anarchiste (il aurait bien tort), et tient un blog : "a view from Babylon".