Zara : rêves et cauchemars, par Koldo Campos Sagaseta

À celles et ceux qui, au moment de se coucher, n'auraient pas les idées claires sur la différence entre faire des doux rêves et d'horribles cauchemars, les comptes annuels présentés par Inditex, l'obscène entreprise de fringues d'Amancio Ortega, peuvent lever tout doute.

Anjel Ordóñez évoquait avant-hier dans le journal Gara cette société et ces comptes: un chiffre d'affaires annuel de 23 milliards d'euros, plus de 7000 magasins, plus de 160.000 personnes employées.

Chaque minute qui passe, Ortega gagne 2.380 euros. Autrement dit, chaque matin, quand l'heureux milliardaire galicien  se réveille après huit heures de sommeil réparateur dans sa résidence, ses rêves ont produit plus d'un million d'euros. Exactement, selon ses propres comptes, 1.142.400 euros en dormant. Ça, c'est les rêves.

Les filles qui travaillent dans des conditions misérables pour Amancio Ortega dans les usines de textile au Bangladesh peuvent gagner deux euros par jour travaillé, soit vingt centimes par heure de travail. Très loin d'un centime par minute. Autrement dit, chaque  soir, lorsqu'elles rentrent  épuisées à la maison pour enfin se coucher, elles continuent à tout devoir, jusqu'à la paillasse sur laquelle elles s'écroulent. Ça, c'est les cauchemars.

Tant que les rêves des uns sont les cauchemars de tous, personne ne devrait dormir.

Koldo Campos Sagaseta
traduit par Fausto Giudice pour Tlaxcala
 

Au Bangladesh, nouvelles de la réalité sans fard

Photograph: Abir Abdullah/EPA

Photograph: Abir Abdullah/EPA

Fin décembre 2016, 1500 travailleurs des ateliers textiles du Bangladesh ont été licenciés du jour au lendemain pour avoir protesté contre leurs conditions de travail, et demandé un triplement de leurs salaires. Lequel salaire est de 5,300 taka (£54, c'est à dire 62 euros et 30 centimes, c'est sur cette base que nous avons calculé combien une ouvrière bengali qui travaille pour Zara gagne par minute). Le gouvernement a déclaré la grève illégale et envoyé la police armée de flashballs tirer sur une manifestation, faisant dix blessés. Sept leaders syndicaux ont été arrêtés.

CP