Viktor Orbán exalte la « la défense nécessaire de l’homogénéité ethnique » de la Hongrie

Dans un discours tenu mardi 28 février devant la chambre de commerce et d’industrie, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a estimé « important » de sauvegarder la « monochromie culturelle » du pays, et évoqué « la défense nécessaire de l’homogénéité ethnique » du pays. 

Budapest : L'hommage des groupuscules d'extrême-droite aux combattants Hongrois et Allemands de la seconde guerre mondiale (photo : Benoît Braban)

Budapest : L'hommage des groupuscules d'extrême-droite aux combattants Hongrois et Allemands de la seconde guerre mondiale (photo : Benoît Braban)

Le consternant et scandaleux premier ministre d'extrême-droite Viktor Orbán avait fait distribuer dans son pays huit millions de formulaires demandant aux Hongrois de répondre à douze "questions", dont celles-ci :

"Êtes-vous d'accord pour dire que les immigrés mettent en danger le travail et le niveau de vie des Hongrois?" 

"Soutiendriez-vous l'initiative du gouvernement de créer des camps d'internement pour les immigrants illégaux?"

"Êtes-vous d'accord avec le gouvernement pour dire qu'au lieu d'allouer des fonds à l'immigration, on ferait mieux de soutenir les familles hongroises et les enfants hongrois qui viendront ?"

"Êtes-vous d'accord pour dire que des mauvaises politiques sur l'immigration encouragent l'essor du terrorisme ?"

On peut rajouter à cela ses déclarations sur sa volonté de rétablir la peine de mort dans son pays, que l'Europe soit d'accord ou non, ses ajustements à répétition de la Constitution pour s'assurer le pouvoir, son opposition à l'IVG, sa politique envers les Roms, son ingérence dans les affaires des pays voisins dont il prétend représenter les "minorités hongroises", son mépris déclaré pour les "valeurs libérales", et se demander quand l'Union Européenne prendra enfin la mesure du problème Orbán. Lequel n'a pour sa défense (si l'on peut dire) qu'une seule chose, mais elle est terrible : le problème Orbán est en réalité le problème hongrois.

Car là où on s'attendrait, après ce que l'on vient d'énumérer (nous avons oublié le projet de taxes sur les chiens – les races pur sang hongroises étant naturellement exemptées – qui a finalement dû être quasiment abandonné, sa mise en place posant trop de problèmes pratiques), à voir des forces libérales ou social-démocrates disputer le pouvoir à Viktor Orbán, c'est en réalité encore plus fasciste que lui, et cette fois-là très ouvertement, le parti Jobbik, anti-sémite, créateur d'une milice nommée la Garde hongroise, nostalgique déclaré du dictateur allié des nazis Miklós Horthy, qui semble son seul rival potentiel aux élections, et donc dans le coeur des Hongrois. 

La Hongrie est-elle folle ? Elle est en tout cas toujours malade de ses rêves nationalistes de reconstitution de la Grande Hongrie d'avant la première guerre mondiale. Ainsi que de l'absence totale de travail critique sur son passé, pas très clair puisque des lois antisémites ont été imposées en Hongrie dès 1920 (!), conduisant assez logiquement ce pays dirigé par des ultra-réactionnaires à être un allié enthousiaste des nazis, participant avec l'Allemagne et la Bulgarie à l'invasion de la Yougoslavie. Pour les Américains après-guerre, pour l'Europe aujourd'hui, qui s'est précipitée pour accueillir sans condition tous les pays de l'est après la chute du mur de Berlin, avec leurs gouvernements plus que douteux, il semble qu'avoir été farouchement anti-communiste suffise pour qu'on soit considéré un démocrate, voire un "héros de la liberté". Mais c'est loin, très loin, d'être suffisant. Et on le mesure aujourd'hui.

Question : la France du FN, est-ce qu'elle ne ressemblerait pas comme deux gouttes d'eau à la Hongrie de Viktor Orbán ?

Christian Perrot, le 2/3/2017

Pour mémoire : le fameux croche-pied à un réfugié et son fils qui a rendu célèbre cette journaliste hongroise qui voulait aider la police à attraper des gueux d'étrangers. Pour rappel aussi, les Magyars sont un peuple venu de l'Est s'installer par l…

Pour mémoire : le fameux croche-pied à un réfugié et son fils qui a rendu célèbre cette journaliste hongroise qui voulait aider la police à attraper des gueux d'étrangers. Pour rappel aussi, les Magyars sont un peuple venu de l'Est s'installer par la force sur la terre qui est devenue par la suite la Hongrie en chassant ses habitants. Leur karma doit donc leur faire imaginer que tout le monde leur ressemble, et que l'histoire se répétera, cette fois-ci à leurs dépens.