Le monde selon Trump, par Christian Perrot
Vous aurez reconnu Alamo : le grouillement de la fameuse armée mexicaine qui arrive par bataillons entiers de clandestins déguisés en soldats de plomb, et l'héroïsme des texans qui les repoussent avec l'énergie désespérée de ceux qui défendent leur pays (en fait c'était l'inverse, les Américains venaient de voler le Texas au Mexique, et l'armée mexicaine tentait de le leur reprendre, mais ce sont des broutilles historiques qui ne gênent personne aux USA).
Tel semble être le monde selon Donald Trump, Israël peut-être à part. Une multitude de pouilleux étrangers (par définition, on pourrait dire, mais lui entend le souligner) qui cherchent à se servir dans le garde-manger et vider les coffres, au lieu de les remplir encore, comme ils l'avaient fait si longtemps. Cet homme étranger à la politique - paraît-il - s'est donc fait tout seul une politique étrangère qui se reconnait à cette singularité : être et se reconnaître étrangère à toute idée d'intérêts mutuels, et se penser être en situation d'imposer les siens. En l'espace d'à peine trois semaines, Donald Trump a réussi à se mettre à dos la Chine, se fâcher avec ses deux voisins du nord et du sud : le Canada et le Mexique, froisser l'Europe en appelant à son explosion, réveiller le conflit avec l'Iran, s'éloigner encore plus de l'Irak, se mettre tous les musulmans du monde à dos, rappeler à l'Amérique Latine sa vieille rancoeur contre les gringos, et nous avons dû en oublier. Cette politique étrangère trumpiste - à laquelle il faut ajouter, et ce n'est pas un fait mineur, qu'elle est aussi étrangère aux droits des femmes, des minorités, des pauvres, ou de l'homme en général (sans rire, Trump a même recommandé la torture - "qui marche". Nous espérons qu'il ne l'a pas essayée lui-même, pour en être si sûr!) etc - a aussi la particularité d'avoir déjà réussi à soulever contre elle des multitudes d'opposants dans le monde entier (manifestations dans 67 pays, dont la France, le jour de son investiture : un record mondial !). 1.600.000 britanniques ont déjà signé une pétition réclamant l'annulation de la venue du président Donald Trump dans leur pays. Et promettent une manifestation immense contre lui si Theresa May le rencontre. Tout cela, c'est du jamais vu. A force d'être contre le monde entier, Donald Trump va vite s'en rendre compte, on a tout le monde contre soi. Nous venons donc de définir la politique étrangère de Donald Trump : elle est étrangère à l'intelligence.
Christian Perrot