CONSTRUIRE UN RAPPORT DE FORCE CONTRE LA RÉCUPÉRATION
De nombreuses organisations syndicales et associatives ont lancé un appel à rassemblement samedi 18 février à 15h place de la République. La liste fait froid dans le dos : une bonne partie d’entre-elles sont des organisations satellites du parti socialiste et ont joué un rôle historique de collaboration avec la police pour organiser la répression à l’encontre des travailleurs immigrés, des habitants des banlieues ou des militants lors des mouvements sociaux.
D’un côté SOS racisme qui contribua a récupérer et vider de son contenu politique la marche contre le racisme qui a eu lieu en 1983 suite à de nombreux assassinats racistes et policiers dans les quartiers populaires. Cette organisation satellite mise en place par le parti socialiste n’a jamais foutu les pieds dans les quartiers populaires et n’a jamais été là pour les familles des victimes de la police. Le mot d’ordre « Touche pas à mon pote » a d’ailleurs fait de l’antiracisme une posture éthique, un combat qui se déroule entre Blancs. On pourrait aussi évoquer le fait que son service d’ordre a frappé et gazé des lycéens le 13 novembre 2014 lors d’une manifestation contre les violences policières suite à l’assassinat de Rémi Fraisse.
De l’autre côté, les centrales syndicales de l’Unef et de la CGT se greffent à l’appel. Précisons-le, loin de nous l’idée d’attaquer la base militante de ces structures. Cependant, rappelons-le, la CGT a historiquement joué un rôle répressif à l’encontre d’une partie des travailleurs immigrés dans les années 1970 et en 2009 a envoyé son service d’ordre déloger des sans-papiers qui dormaient dans une salle d’une bourse du travail. Elle a également envoyé son fameux service d’ordre constitué de nombreux flics (oui, oui) taper les jeunes qui constituaient la tête de cortège et a équipé ses membres de batte de base-ball. Pour ce qu’il en est de l’Unef, la proximité de sa direction et des cadres du parti socialiste est aisément perceptible, il suffit de jeter un coup d’oeil sur les trajectoires individuelles des membres du bureau national.
Comment ceux qui frappent, organisent la répression, soutiennent le gouvernement et collaborent régulièrement avec sa police qui tue et viole, peuvent-ils prétendre aujourd’hui représenter le mouvement de contestation qui est en train de naître ?
Ces organisations ne critiquent pas la police en tant qu’appareil d’État, n’évoque jamais le fait que la police est systématiquement couverte, protégée par des appareils auxiliaires comme la Justice. Ils ne s’écartent aucunement de la stratégie du gouvernement et du maire de droite de la ville d’Aulnay qui voudraient qu’on s’en tienne à dénoncer le comportement obscène d’un seul policier. Aujourd’hui, il faut oser dire que le problème n’a rien d’individuel, que Théo n’a pas été la victime d’une bavure mais de la violence permanente que la police met en œuvre à l’encontre des habitants des quartiers populaires : harcèlement, contrôle au faciès, arrestations arbitraires, injures racistes et sexistes. Elle déploie cette même violence de manière ponctuelle sur les militants en période de forte tension sociale. La police n’est là que pour garantir l’ordre social des dominants. Il faut aussi oser dire que le corps policier est lui-même très largement raciste : selon les sondages, un flic sur deux votera pour le FN aux présidentielles.
Nous pensons qu’il est plus qu’important de prendre part à ce rassemblement pour ne pas laisser les organisations parler à la place des personnes qui subissent directement le racisme et les violences d’État.
Nous appelons toutes les personnes qui se révoltent contre le viol de Théo, l’assassinat d’Adama et de tant d’autres, les violences policières régulières, celles et ceux qui ont pris cher pendant le mouvement contre la loi travail ou avant, à venir à 15h place de la république avec des banderoles et des pancartes contre les violences d’État et pour dénoncer la récupération qui s’annonce. Des prises de parole alternatives pourront avoir lieu pour redonner la parole aux premiers concernés.
D'Aulnay à Paris, tout le monde déteste la police !