Les agents du nettoyage gagnent une première manche contre la SNCF

Le tribunal administratif de Montreuil a rendu sa décision hier après-midi, dans le conflit qui opposait la SNCF aux salariés de la société H. Reinier-ONET, qui effectuent le nettoyage des gares du Nord de l'Ile-de-France. En grève depuis près de sept semaines, ces salariés luttent contre la dégradation de leurs conditions de travail et les modifications à la baisse de leurs contrats de travail.

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La nouvelle est tombée à 15h30 hier. Le tribunal administratif a débouté la SNCF qui avait porté plainte contre neuf salariés de H. Reinier-ONET, pour occupation illégale des locaux, suite à l'installation de piquets de grève dans trois gares en région Nord-Ile-de-France : la gare de Saint-Denis,  la gare de Garges Sarcelle et celle de Ermont-Eaubonne. L'entreprise ferroviaire  avait aussi assigné les grévistes pour entrave au nettoyage et risque de danger sur la sécurité en raison de l’insalubrité des installations. Dans la journée, le tribunal avait demandé des éléments supplémentaires à la défense des grévistes, qui avait fourni des photos contredisant l'argument de la mise en danger. La SNCF a finalement été déboutée de toutes ses demandes. Soit 1500 euros de dommages et intérêt et une astreinte de 500 à 1000 euros par jour d'occupation. Des amendes lourdes pour des salariés payés au SMIC horaire et à temps partiel.

L'entreprise ferroviaire, qui fait appel à des intérimaires de la société ONET pour assurer le nettoyage à la place des grèvistes, avait demandé le recours à la force publique pour expulser les grévistes début décembre, afin de permettre au groupe ONET de nettoyer les trois gares occupées. Dans la nuit du 1er au 2 décembre, les forces de l'ordre sont intervenues pour faire évacuer la gare de Saint-Denis et permettre le nettoyage de la gare, où les déchets s'étaient accumulés depuis plus d'un mois.

Depuis le 2 novembre, ces salariés du nettoyage ont entamé un mouvement de grève, soutenus par plusieurs syndicats, dont Sud Rail, FO et la CGT. Les salariés protestent contre les modifications apportées par cette entreprise à leur contrat de travail, suite à la reprise du marché du nettoyage de 75 gares de la région Nord-Ile-de-France par l'entreprise H. Reinier, fililale du groupe ONET. Employés auparavant par la société de nettoyage SMP, ces salariés travaillent depuis de nombreuses années, souvent depuis plus de dix ans, au nettoyage des gares SNCF. Ils ont récemment vu leurs contrats de travail transférés à H. Reinier, une fililale du groupe ONET, qui a remporté l'appel d'offres. Celle-ci a déjà été condamnée par les Prud'hommes pour plusieurs cas de harcèlement sexuel et moral. Quatre femmes avaient porté plainte contre leur chef d'équipe de la gare du Nord, bravant la peur de perdre leur emploi.

Or, le nouveau sous-traitant de la SNCF a voulu imposer des avenants aux contrats. Les salariés contestent la clause de mobilité, introduite dans leur contrat par le nouveau prestataire, qui permet de les affecter du jour au lendemain à des gares très éloignées de leur poste de travail. Ils contestent aussi la suppression de cinq CDD, sur 112 postes, ce qui en plus met en danger des salariés qui dépendent de ces contrats pour le renouvellement de leur titre de séjour. H. Reinier-ONET ne souhaite pas non plus remplacer les départs en retraite. Ces suppressions de poste aggravent les conditions de travail en accroissant une charge de travail déjà très lourde. Ils exigent aussi que la prime de panier repas passe de 1,90 euros à 4 euros par jour et une augmentation de la prime de vacances. Enfin, ils demandent à passer sur la convention collective de la manutention ferroviaire plus avantageuse que celle de la propreté.

Pour Fabien Dumas, délégué Sud Rail de Paris-Nord, il est d'autant plus incompréhensible que l'entreprise bloque sur des points comme la prime de panier, alors que les salariés de la gare du Nord, qui a fait l'objet d'un autre appel d'offres, bénéficient de conditions plus favorables, de la part de la même entreprise. Ce qu'il dénonce, ce sont les conditions auxquels les sous-traitants négocient les marchés lors des appels d'offre. "En proposant leurs services à des tarifs toujours moins chers pour remporter ces marchés, elles tirent vers le bas les conditions de travail des salariés qui sont en bout de chaîne", explique le syndicaliste. D'où le non remplacement des CDD et des départs en retraite, mais aussi l'absence d'évolution des qualifications et des salaires. Fathi, agent d'entretien depuis plus de dix ans, explique aussi comment l'entreprise de nettoyage utilise le non-renouvellement des CDD et la clause de mobilité dans une optique disciplinaire, pour mettre en difficulté les salariés trop revendicatifs.

La décision rendue par le tribunal de Montreuil hier est une bonne nouvelle pour ces salariés dont les droits sont méprisés, qui les encourage à poursuivre la grève jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Les négociations en cours semblent bien avancées et une conférence de presse aura lieu ce vendredi pour faire le point sur les avancées obtenues grâce à la grève. Une grève qui a un coût élevé pour ces salariés dont les salaires tournent autour de 800 à 1200 euros. Une caisse de grève a été mise en place, alimentée par une cagnotte sur Internet (voir le lien ci-dessous).

Partout et dans toutes les entreprises, le nettoyage est le plus souvent sous-traité à des entreprises qui exploitent jusqu'à l'os des salariés vulnérables et mal payés, corvéables à merci. Et qui font des profits : ONET  a réalisé n chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en 2015. Les grèves dans ce secteur se multiplient, à l'exemple des femmes de chambre du Holiday Inn de Clichy -également employées par un prestataire à qui l'hôtel sous-traite l'activité- qui sont en grève depuis près d'une soixantaine de jours. Nous avions rencontré des salariés de H. Reinier et du Holiday Inn, qui font front commun, le 12 décembre dernier, lors d'une manifestation conjointe devant la mairie du 14e. Les salariés du Holiday Inn de Clichy sont en grève depuis plus de soixante jours.

Véronique Valentino

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Participer à la caisse de grève en faisant un don ici

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