Fillon visite les pauvres
La stupéfiante mention par François Fillon du fait qu'il soit chrétien, ce qui est sensé nous rassurer sur ses intentions, n'est pas seulement une mauvaise plaisanterie qui ne trompera pas grand monde du point de vue historique (pendant combien de siècles les pauvres ont-ils été exploités jusqu'à l'os par leurs très chrétiens seigneurs et maîtres ?), mais le rappel cinglant à qui veut l'ignorer d'où nous vivons : dans une Europe encore si conditionnée par des siècles de christianisme régnant, sous ses trois formes catholique, protestante et orthodoxe, qu'on ne peut en politique imaginer autre chose qu'un parti se déclarant ouvertement chrétien (démocrate, disons, comme en Italie et en Allemagne) sans verser immédiatement dans un terrible scandale qui agiterait le pays sans fin. Bonne chance au candidat aux présidentielles qui viendra dire qu'on peut l'élire en toute confiance parce qu'il est juif, musulman ou athée ! Vous imaginez cela possible ? Non. Et cela en dit long. Même si naturellement c'est une déclaration vide de sens et plutôt stupide (mais après tout, guère plus que celle de ces candidats millionnaires qui affirment qu'on peut voter pour eux parce qu'ils n'ont pas besoin de notre argent, ou de ces banquiers qui disent qu'on peut leur faire confiance pour gérer les deniers publics), elle rappelle que nous n'avons pas encore dépassé une vision christiano-centrée de notre société.