Short-cuts 49, par Nina Rendulic


semaine du 26 / 12 / 16

"Mais il y a une chose, Boris : je n’aime pas la mer. Je n’y arrive pas. Tant de place, et l’on ne peut pas marcher. Et d’un. Elle bouge, et moi je la regarde. Et de deux. Boris, mais c’est la même scène, c’est-à-dire mon immobilité forcée, notoire. Mon comportement routinier. Que je le veuille ou non, ma tolérance. Et la nuit ! Cela est froid, bondissant, invisible, sans amour, imbu de soi : comme Rilke !"

(M.T. à B.P., 23 / 05 / 26)


J’ai marché à la rencontre de l’horizon sur la surface de la mer

Le silence assourdissant des vagues

Plutôt que de dire non j’ai dit oui

(En s’y noyant on ignore la beauté de la mer)

*

De la beauté et de l’oubli nous inventons une fin de cycle. L’impératif de faire des listes. Je ne ferai pas de listes dans la fluidité du monde (si : j'ai beaucoup et pas assez aimé en deux mille seize). Je ne ferai pas enfermer les mémoires en cage. "… mon immobilité forcée…" Plutôt, la suite : dans le centre de ma nuit nous allumerons un minuscule feu d’artifice. De l’espoir authentique. Puis : je ne pourrai être une autre. J’ai peur. Puis : arrête avec ta perspective. Tes impératifs. Tes extrêmes. Tes représentations égoïstes. Faussement vraies (vraiment fausses ?). Car même lors du mouvement rétrograde du Mercure, il ne faut pas ignorer la vie des autres. J'essaierai. Un dessein merveilleux.

*

Deux mille seize.

En somme, une belle mort à petite échelle.

De l’oubli, pour le meilleur et pour le pire.

Pour un nouveau cycle.

Nina Rendulic


Nina Rendulic est née à Zagreb en 1985. Aujourd'hui elle habite à 100 km au sud-ouest de Paris. Elle aime les chats et la photographie argentique. Elle vient tout juste de terminer une thèse en linguistique française sur le discours direct et indirect, le monologue intérieur et la "mise en scène de la vie quotidienne" dans les rencontres amicales et les dîners en famille. Vous pouvez la retrouver sur son site : ... & je me dis

Nina Rendulic

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