D'un jour à l'autre, feuilleton du monde (9), par Christian Perrot

PENDANT LES PRIMAIRES, LES SALES AFFAIRES CONTINUENT (1)

Les frères Traoré, Cédric Herrou, Rémi Fraisse, peut-être bientôt la ZAD... Nous nous souviendrons de la fin du gouvernement Hollande comme d'un festival de vilenies et de lâchetés, tout ça pour sauver quoi ? Surtout pas leur réputation. Qu'ils s'en aillent !

Descente de Gendarmerie dans la communaute Emmaus de Grenoble

Hier matin vers 9h30 la compagnie de gendarmerie de la mure ( 8 gendarmes) a investi le site de la Mure alors que celui ci était en pleine vente. Ils sont venus traquer les sans papiers.

Ils ne se sont pas contentés de rechercher les personnes dans les locaux mais se sont aussi rendus dans notre appartement situé dans le village voisin. Ils sont partis juste avant midi emmenant avec eux 3 compagnons. En fin de soirée nos compagnons sont revenus mais avec une obligation de quitter le territoire sous 48 h (pour deux d'entre eux) et le troisième s'est vu confisquer son passeport et ayant un mois pour trouver un billet d'avion.

Un tel évènement à quelques jours de commémorer la date anniversaire du départ de l'Abbé Pierre constitue une véritable provocation que nous ne pouvons laisser passer sans une réponse du mouvement.

Nous serons soutenus en cela par nos collègues des 117 autres communautés de France, et dont certains seront même physiquement présents et demander une entrevue avec Monsieur le Préfet ( collègue de promotion de Martin Hirsch à l'ENA....).

L’ensemble des acteurs de la Communauté Emmaüs de Grenoble et sa région, Compagnes, Compagnons, Responsables, Amis et Bénévoles, sont particulièrement indignés de l’action sur le territoire des forces de l’ordre au sein d’un Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activité Solidaire (OACAS), reconnu par l’Etat pour son action d’accueil inconditionnel.

Emmaüs accueille et accompagne les personnes dans un parcours citoyen, respectueux de la Société et dans la dignité humaine autour d’une activité solidaire et éco-responsable reconnue d’intérêt général.

Un tel événement, à quelques jours de commémorer la date anniversaire du décès de l'Abbé Pierre constitue une véritable provocation que nous ne pouvons laisser passer sans réponse de notre Mouvement.

EMMAÜS GRENOBLE·JEUDI 19 JANVIER 2017


PENDANT LES PRIMAIRES, LES SALES AFFAIRES CONTINUENT (2)

A peine sorti du tribunal, Cédric Herrou est à nouveau arrêté par la police, ainsi que son frère, cette fois-ci, et une militante du collectif d'aide aux migrants Roya Citoyenne, après une perquisition dans son exploitation agricole. Cela rappelle comme deux gouttes d'eau le sort de la famille Traoré, constamment dans le collimateur de la police pour avoir refusé de garder un silence poli après la mort d'Adama Traoré.

Le frère de l'agriculteur Cédric Herrou et une militante du collectif d'aide aux migrants Roya Citoyenne ont été arrêtés et placés à leur tour en garde à vue, une journée après la nouvelle interpellation de Cédric, a indiqué ce vendredi 20 l'avocat de l'agriculteur. Morgan Herrou et Lucile Boucard ont été interpellés lors d'une perquisition jeudi avant la nuit sur l'exploitation agricole de Cédric à Breil-sur-Roya, où depuis plusieurs mois, il offre le gite et le couvert à des migrants transitant clandestinement dans cette vallée franco-italienne. De nombreux bénévoles se relaient sur place pour recevoir et stocker des sacs de vêtements et autres dons.

"Ils sont partis menottés et sont en garde à vue à la gendarmerie de Menton", a précisé à l'AFP Me Zia Oloumi. Les forces de l'ordre "ont effectué des saisies puisqu'ils sont repartis avec des sacs", a ajouté l'avocat qui n'était pas sur place au moment de l'intervention des gendarmes, contrairement à un photographe de Libération, venu déjeuner avec les bénévoles et qui a été quelque peu malmené.

"Je venais de déjeuner là et je m'apprêtais à me rendre à la frontière où l'on m'avait signalé un important déploiement de forces de l'ordre quand ils sont arrivés avec visières, gilets tactiques, bombes lacrymos, bâtons, etc. Il y avait aussi des enquêteurs en civil. Il y avait quatre personnes sur place et des jeunes (migrants) effarouchés. J'ai pu faire quelques images, c'était cordial puis à deux reprises ils m'ont fait une clé de bras et m'ont plaqué au sol avant que je puisse recommencer à travailler", a raconté à l'AFP le photographe Laurent Carré. Selon Me Oloumi,"trois mineurs originaires du Tchad et du Soudan pour lesquels Cédric cherche une solution depuis un mois se trouvaient là. Ils ont été pris par les gendarmes qui ont dit qu'ils allaient les placer auprès de l'Aide sociale à l'enfance (ASE)".

En pleine vague de froid, Cédric Herrou, 37 ans, a été repéré et interpellé mercredi soir avec trois Erythréens près de Sospel. Il est soupçonné de les avoir aidés à éviter un contrôle, ce qu'il nie, affirmant être venu aider ces trois étrangers qui s'étaient perdus. 


LE SEXISME TUE LES FEMMES

Photo : En réponse à l'étrange, très tordue, campagne publicitaire des adversaires de l'IVG qui a débordé jusqu'aux panneaux publicitaires des abris-bus JC Decaux; le collectif féministe Insomnia a fait surgir ces mille affiches en une nuit dans Paris. Dans la guerre de communication, si essentielle, ne laissons rien passer sans réponse !


CONTRE L'ÉTAT, CONTRE LA RELIGION, ET A FORTIORI CONTRE UN ÉTAT BASÉ SUR LA RELIGION

Ces deux femmes, Ellen Siegel, une infirmière juive, et la doctoresse palestinienne Ghada Karmi, élevée en Syrie après que sa famille ait dû fuir la Palestine en 1948, et à qui Israël refuse le droit de retourner chez elle, avaient décidé de se retrouver, d'abord en 1973, puis en 1992, et une nouvelle fois en 2001 pour manifester leur désaccord avec cette conception (dangereuse, on le voit avec l'État Islamique maintenant) d'un état fondé sur la religion dont tout juif, fût-il né à des milliers de kilomètres, est citoyen de droit, tandis qu'il refuse toujours, contrairement à la résolution 194 des Nations-Unies, tout droit au retour chez eux, dans leur terre natale, aux cinq millions de palestiniens toujours aujourd'hui réfugiés dans des camps, ou partis en exil.

Tout leur histoire est racontée en détail ici (l'article est en anglais). Nous voulions seulement souligner à quel point des actions simples peuvent être efficaces quand le message et la cause sont clairs. Oui, il est totalement injuste d'empêcher un palestinien de revenir dans son pays tandis qu'on permet (invite chaudement serait plus approprié) à un Russe, un Français ou un Américain de s'installer sa place. Comme s'il y serait à sa place. Tandis que l'habitant d'origine serait devenu un étranger chez lui. Dans son ancien village, son ancien quartier, sa ville natale.
 


DE L'ART DE LA GIFLE

Sur la gifle à Manuel Valls, très symbolique finalement (et heureusement, la farine c'est beaucoup mieux, le symbole suffit), ce qu'on a vraiment envie de dire, c'est très bien exprimé dans ce post de Sihame Asbague :

'Réaction de Valls sur la gifle à Lamballe: "La démocratie ne peut pas être la violence."

Pour éviter que ce soit un mytho aussi gros que "on ne peut pas être de gauche et être raciste, il aurait dû ajouter "...sauf si cette violence est celle de l'État, évidemment."

Parce que, comment dire..."


SI LE LAROUSSE LE DIT

Le "consensus" selon le Larousse : "Accord et consentement du plus grand nombre, de l'opinion publique : Consensus social. Procédure qui consiste à dégager un accord sans procéder à un vote formel, ce qui évite de faire apparaître les objections et les abstentions."


À PROPOS DES TITRES SUR LA POLITIQUE

Donnez-moi deux lignes de la main d’un homme, et j’y trouverai de quoi suffire à sa condamnation.
— Armand Jean du Plessis de Richelieu 1585 - 1642

- Jean-Luc Mélenchon se "réjouirait de traiter" avec Donald Trump -L'Express

- "Je me réjouirais de traiter avec Donald Trump" - Libération

- Mélenchon « se réjouit » d'avance de traiter avec Trump - BFMTV

En fait de réjouissance, voilà celle que Jean-Luc Mélenchon avait plutôt en tête, la célébration de l'enterrement de l'accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique :

“Donald Trump prétend se situer sur la base des intérêts des Nord-américains, donc il comprendrait parfaitement que je me situe strictement sur le point de vue des Français. S’il renonce de lui-même à Tafta, l’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique, imaginez-vous que je saisirais l’occasion au bond, et cette affaire serait enterrée, alors qu’elle traîne depuis 1996 que je m’y oppose, et nous réglerions en quelques jours ce problème. De même que nous réglerions Ceta”.

Il va de soi que les adversaires de Jean-Luc Mélenchon (le plus souvent de son propre camp) s'en sont donnés à coeur-joie. Certains feignant même d'y voir la preuve de son faible pour quelqu'un dont il disait, quelques jours avant, ceci sur BFM : "Jamais de la vie je n'aurais voté Trump, c'est un raciste et un sexiste. J'aurais voté Sanders, mais il s'est fait voler, nous nous sommes faits voler, l'investiture par des tricheurs, notamment par Mme Clinton qui est comme le Parti socialiste."

Les grands média, qui tiennent tant à souligner leur supériorité de professionnels sur les répandeurs de bobards des blogs et des réseaux sociaux, en sont arrivés dans cette campagne à twitter leurs titres plus qu'ils ne les écrivent. Plus ça va faire du buzz, c'est à dire du scandale, du bruit, de la confusion générale, alimenter les camps, les rancoeurs, les préjugés, plus c'est un titre, coco ! Et il est vrai que cela marche : les gens ne retiennent que ça, le titre étant le plus souvent tout ce qu'on voit des innombrables propositions qu'on nous fait sur Facebook. Et c'est rageant. Désolant. La "post-vérité" des temps présents, concept tarte à la crème du moment, comme si l'art de la propagande était né avec internet, naît encore plus souvent dans les salles de rédaction - qui certes n'existent plus en tant que telles - dès qu'elles se laissent aller à découper les phrases en morceaux, relayer et amplifier des rumeurs. C'est tentant. Mais justement, il faut résister à la tentation d'être plus vachards que les plus vachards des retwitters compulsifs pour conserver une chance d'exister encore dans la profession. Va-t-il falloir supprimer la carte de presse pour la remplacer par celle de twitter ?

L'Autre Quotidien  


TOUCHÉE PAR LA GRÂCE

Nous venions justement d'avoir en France ce débat sur la grâce présidentielle, à propos du cas de Jacqueline Sauvage (voir notre entretien avec Karine Plassard). Elle a indéniablement un caractère étrange, puisqu'elle élève au-dessus de la loi ordinaire la figure qui incarne l'autorité suprême, en lui prêtant pour un moment la sagacité expéditive qui rendit le roi Salomon légendaire. Barack Obama a surpris tout le monde en profitant de ses derniers jours de mandat pour gracier partiellement la lanceuse d'alerte Chelsea Manning, qui devrait donc retrouver la liberté en mai, après avoir passé sept années en prison dans des conditions qui furent d'abord épouvantables, comme le reconnut le tribunal. La peine démesurée qui avait été prononcée contre elle, trente cinq ans de prison pour avoir communiqué à Wikileaks des documents qui la choquaient sur l'action de l'armée américaine en Irak, était du genre impitoyable qu'on associe souvent à la justice américaine en particulier, et à la raison d'état en général. Inculpée pour trahison, seule une grâce présidentielle pouvait la tirer du cachot. Remercions Barack Obama. Il a bien agi. Et admettons, c'en est la conséquence logique, qu'il peut être bénéfique d'introduire ce grain de sable qu'est la grâce présidentielle dans la machine impitoyable du système judiciaire. Seul l'illogique peut venir sauver de l'excès de logique, assorti toutefois de beaucoup de préjugés tus, qui caractérise beaucoup des sentences les plus dures, et dont chacun sent bien que, si même elles peuvent se fonder sur la loi, elles ne sont pas très justes. 

L'Autre Quotidien


À NOS PORTES

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C'est à croire que tout le monde a des nerfs d'acier, ou une foi inébranlable dans le caractère profondément pacifique des Européens et des Russes, car dans cette campagne électorale, personne ne semble entendre les avertissements de Jean-Luc Mélenchon, qui du coup devient Cassandre, sur les risques d'une nouvelle guerre en Europe - sujet pourtant alarmant s'il en est. Ou non ? Clairement, si l'on en parle si peu, si le sujet ne prend pas, si ses alertes tombent dans l'oreille des sourds, cela ne peut pas être parce qu'il n'aurait pas d'importance, mais parce que les experts et éditorialistes s'accordent à trouver une guerre en Europe, et donc mondiale, à en juger par l'expérience passée et les forces en présence, qui incluent naturellement les Américains, proprement impossible, impensable (ou peut-être seulement inimaginable ? si c'est cela, nous n'avons décidément rien appris). Au regard de l'importance du sujet, laquelle importance paralyse peut-être la pensée à son égard, laméduse, comme à chaque avant-guerre, nous avons quand même jugé bon d'écouter de quoi essaie de nous avertir Jean-Luc Mélenchon, parfois solennellement, comme dans son adresse au Parlement européen, ce 18 janvier, parfois à bâtons rompus, mais avec beaucoup plus d'arguments, comme dans sa dernière émission hebdomadaire sur YouTube, de la septième à la quinzième minute. D'abord les faits, pour situer l'époque : l'armée américaine vient d'envoyer dans les pays baltes, à la frontière même de la Russie, 4500 hommes, 250 chars, des hélicoptères de combat. Pour la plupart des média et des hommes politiques, c'est un geste si anodin qu'il ne mérite même pas qu'on en parle. Comment est-ce possible ? La Lituanie, l'Estonie et la Lettonie ont signé ce mardi 17 janvier des accords militaires avec les Etats-Unis. Ne sont-ils pas membres de l'Union Européenne ? Le gouvernement ultra-réactionnaire de la Pologne souhaite en faire autant. Ces pays ont déjà créé des milices - qu'on a toutes les raisons de soupçonner d'être, comme en Hongrie, le bras armé des partis d'extrême-droite locaux - et entretiennent ce qu'on ne peut qu'appeler un climat de guerre. Rien n'est encore réglé en Ukraine, où l'on se bat encore au Donbass. Il faut être bien léger pour ne pas voir le danger de cette situation, où toute provocation peut mener à une confrontation plus grave. Qu'est-ce qui peut alors expliquer le peu d'attention qu'on y apporte ? Sans doute tout le monde croit-il tout le bruit qui est fait sur les bonnes dispositions d'un Trump ou d'un Fillon envers Poutine. Ou prend-il au pied de la lettre - ce qui est très risqué concernant ce que peut tweeter un Donald Trump, on devrait pourtant le savoir - un repositionnement des USA qui les conduirait à se désengager de l'Europe et de l'OTAN pour concentrer leur attention sur la Chine et l'Asie. Nous n'aurions donc jamais été aussi près d'une paix garantie avec la Russie. Alors pourquoi voyons-nous en parallèle le grand retour de l'armée américaine en Europe ? Jean-Luc Mélenchon attire notre attention sur un point troublant : l'importance du complexe militaro-industriel est telle aux USA qu'elle ne saurait être remise en cause, fût-ce par un président, et les divergences entre le haut commandement militaire de l'OTAN et Donald Trump sont maintenant sur la table, énoncées clairement, ce qui est tout sauf anodin. Autre chose étrange, et qui doit nous alerter : le rôle essentiel (proprement inouï dans un pays démocratique) des agences de surveillance dans la campagne présidentielle américaine, et maintenant dans la politique américaine tout court, puisque la CIA continue à dominer les débats avec ses révélations qui semblent danser d'un pied à l'autre (pour Clinton, contre Clinton, avec Trump, contre Trump), mais donnent assurément le tempo (Trump pourrait-il in fine être la victime d'une procédure d'impeachment ?). Tout, y compris une démarche à la Docteur Folamour, devient donc possible dans ces conditions que le mot "trouble" décrit parfaitement. On est dans l'ombre. La zone grise. Le secret. Dans ces circonstances, rappeler le danger de la guerre, toujours tentante pour quelques-uns comme sortie d'une crise qui n'en finit pas, moyen de redistribuer les cartes, réaffirmer son hégémonie, nous semble légitime.

L'Autre Quotidien