Quitter Bucarest, par Sébastien Ménard
quitter Bucarest
repartir à l’envers
refaire le fil à l’envers le fil de l’histoire je veux dire
depuis Pantelimon non depuis le centre vers Pantelimon — puis le périphérique (l’histoire interminable du périphérique de Bucarest) — puis encore plus vers le sud-est toujours en fait
le périphérique comme un labyrinthe
le chauffeur de camion il t’aurait tué s’il avait pu
les bagnoles en file
les phares
les moteurs
les chiens morts crevés là pourries leurs peaux sont pourries au soleil
des cris tu gueulerais contre les bagnoles
ça pourrait être un pic (est-ce que tu sais seulement ce que ça veutdire)
bon et ensuite arriver vite vite dans la campagne — parce que c’est ça là-bas — donc qu’on croise vite une vache — un troupeau — que ça sente les fientes et les trucs qui brûlent — qu’il y ait des charrettes (pas oublier : les panneaux « interdit aux charrettes)
(par exemple la folie musicale et de viande de P. et A. — leurs vélos de routes vers l’ouest — un sac sur le dos et puis c’est marre — des cheveux longs qu’on couperait un jour — un plat idéal qui serait « de la viande avec de la viande » (mais tu ne manges plus de viande : pourquoi garder ce réel ?) — des sons un amplificateurs à lampe — les rues de Bucarest les chiens errants et les charettes (si seulement les charettes pouvaient revenir dans les rues de Bucarest)
Sébastien Ménard
Photos AnCé t.
Un extrait de "quitter les villes | notes préparatoires", fichier de travail — prises de notes — en évolution et mises à jour irrégulières. Samedi 23 juillet 2016
Sébastien Ménard écrit en continu sur le site diafragm.net. Vous pouvez également le retrouver sur Twitter @SebMenard. Et découvrir son livre Soleil gasoil sorti chez Publie.net