Les Chemins égarés, carte du tendre des lieux de rencontres sexuelles

Des lieux de rencontres sexuelles, on en trouve partout mais pas n’importe où pour autant. Autrefois situés au cœur des centres urbains, ils sont aujourd’hui presque exclusivement implantés en frontière ou en dehors des villes : zones industrielles désaffectées, sous-bois, aires d’autoroutes, dunes littorales…  Espaces autonomes et gratuits, leur localisation exacte échappe au regard des non-initiés.

" On n’a plus de nom, plus de profession, on n’est plus qu’un objet de désir. "
(Étienne, Charente Maritime)

A l'heure où même Didier Lestrade a eu du mal à faire publier un livre sur l'histoire du porno gay, l'idée du livre des Chemins égarés d'Amélie Landry et Mathieu Riboulet cherche à auto-financer sa publication aux éditions le Bec en l'air pour faire dialoguer textes et images sur un support ad hoc avec un éditeur à l'écoute qui publie aussi bien Marc Riboud, Denis Dailleux, Bruno Boudjelal ou Denis Brihat, et des auteurs tels Arno Bertina ou Maylis de Kerangal en littérature ou encore Christian Caujolle et François Cheval.

"C’est grâce aux échanges avec les hommes que j’ai rencontrés que j’ai pu remettre en question mes a priori et mes présupposés. Ces discussions, et la documentation que j’avais accumulée, m’ont permis de mieux comprendre que la question centrale n’était peut être pas celle de la sexualité mais de notre rapport au monde, de la nécessité d’espaces de liberté et de la recherche d’un « ailleurs ». (Amélie Landry)

Pour accéder à cette dimension de liberté, à une époque où les questions de sexualité prennent dans le débat public une place croissante mais bien souvent rendue stérile par des prises de parole prêtes à l’emploi, il est nécessaire de prendre le temps d’entendre ceux qui fréquentent ces lieux. Or le livre permet précisément d’ancrer un propos dans une temporalité à la fois plus longue et plus lente que celle de la presse ou des revues de photographie.  C’est pour ces raisons que la forme du livre me semble la plus adaptée pour faire découvrir ce travail au lecteur.

Les chemins égarés est une réflexion sur ces espaces de liberté où, malgré la crainte d’une descente de police ou de casseurs, malgré les menaces de fermeture administrative, continuent de s’exercer des désirs d’expériences libres entre hommes de tous âges et de tous horizons.

Se tenant à l’écart du sensationnalisme que pourrait induire un travail photographique dans le champ de la sexualité, le projet emprunte une forme d’investigation inspirée des sciences sociales et se déploie à travers différents types de documents : photographies de paysages, portraits en situation, cartographies des territoires, et enfin un recueil de paroles d’usagers. Celles-ci abondamment restituées en ce qu’elles ont fondé la recherche et guidé ses avancées.

Le dialogue entre ces éléments révèle le caractère polysémique de ces espaces : jardin secret proposant une échappée du quotidien, lieu de silence propre à la rêverie ou à l’introspection, territoire sauvage ré-actualisant une relation animale à l’autre et à la nature, lieu de réappropriation de l’expérience à l’ère numérique, lieu politique enfin, de reconquête d’un espace collectif, tant réel qu’imaginaire.

Les deux auteurs du projet sont Amélie Landry : photographe née en 1981 qui, près des études d’arts appliqués et de multimédia, a travaillé principalement comme infographiste indépendante à Bruxelles où elle réside. En 2011, elle a décidé de mettre cette activité de côté et de développer un premier projet photographique, Les chemins égarés. Mathieu Riboulet, le partenaire :  né en 1960, il a réalisé pendant une dizaine d’années des films de fiction et documentaires avant de se consacrer à l’écriture. Auteur de plusieurs romans, principalement aux éditions Verdier, parmi lesquels Les Œuvres de miséricorde (prix Décembre, 2012) et Entre les deux il n’y a rien (2015). Leur conseiller scientifique est Laurent Gaissad : Né en 1967. Socio-anthropologue et enseignant-chercheur associé aux équipes Santésih à l’Université de Montpellier et Sophiapol à l’Université de Paris Nanterre. Il a publié de nombreux articles sur l’espace public de la sexualité au temps du sida : lieux de drague entre hommes en ville et à la campagne, sexe et drogues dans le circuit festif gay en Europe, prostitution postcoloniale au prisme des migrations.

La présente campagne de financement participatif vise à pourvoir uniquement le poste de l’impression, pour un montant de 8000 €, dont 8% seront reversés à KissKissBankBank. Si la collecte dépasse leurs espérances, ils pourront non seulement mieux couvrir les droits d'auteurs et les frais de fonctionnement, mais surtout avoir davantage de liberté quand aux choix du papier et des finitions du livre.

Participer au projet : c'est ici