À Raşinari, trois fois. Par Sébastien Ménard
Parmi les lieux qu’on fréquente à plusieurs reprises : ajoutons le mot Raşinari.
Disons-le trois fois.
jour I
nous arrivons à Raşinari
en cherchant le coin de notre nuit
on ne sait rien
de Raşinari
des montagnes qui se dressent devant
et des soleils qui s’écroulent
nous attendons tout
de Raşinari
et du vieux monde
nous cherchons
une fois de plus
tellement de choses
notre héros des poèmes
des liquides des clins d’œil
notre tendresse à tous ici bêtes
et tout file
une odeur d’air frais
depuis la montagne vers le plateau
je
ne sais rien
ni même Raşinari
ni même le nom des choses
ni même les lieux des cartes
jour II
un troupeau de bêtes
à Raşinari les bêtes
rentrent le soir
il dit ça
si bien
le poète de l’est lui aussi
et le soleil tape dans l’angle de nos visions
déclenche déclenche déclenche
combien de fois
« vieille carne » qu’il ose dire
lui
donc
puis serrons-nous dans nos bras disons-le vraiment
jour III
à Raşinari je copie-colle
des souvenirs des routes
et des récits de berger
que nous cherchons tous que cherchons-nous
va savoir
quelques gosses
ils font éclater
des pétards des claque-doigts
sur le bitume
un vieil homme
il vide son sac
de noix son sac plein de noix
dans nos mains
tous ici
nous rions
nous rions
nous rions
puis chancelant les corps
sur la route de l’est
une fois de plus
Sébastien Ménard
Marathon, Grèce.
Sébastien Ménard écrit en continu sur le site diafragm.net. Vous pouvez également le retrouver sur Twitter @SebMenard. Et découvrir le livre Soleil gasoil aux éditions publie.net