La peste, le choléra et l'avenir, par Serge Quadruppani

Réaction (traduite par mes soins) de l'ami Franco Berardi, dit Biffo à l'élection de Trump :

L’humanité est en train de se suicider.
Le national-ouvriérisme l’emporte en Amérique, comme dans la majorité des pays du monde blanc.
La gauche qui s’est pliée au néo-libéralisme a ouvert la voie aux nombreux Hitler qui dominent aujourd’hui : Clinton Blair d’Alema Renzi Hollande Napolitano sont les noms des traîtres qui par pur cynisme ont ouvert la route au fascisme.

La classe ouvrière blanche aujourd’hui se venge de la trahison de la gauche comme elle le fit en 1933, en choisissant le fascisme, en choisissant d’être du côté des assassins. Et comme alors, elle est destinée à sombrer dans l’abîme de la guerre de la misère de l’extermination.
Si nous voulons survivre, nous devons regarder les choses avec réalisme : la race blanche réagit au déclin en déchaînant la guerre civile globale.

L’esclavagisme domine le monde.
Éloignons de chaque lieu de vie les traîtres de la gauche réformiste.
Créons des espace de survie autonome.


On critiquera à raison l'usage de termes comme "traîtres" (il faut oublier ce qu'a été la gauche réformiste depuis 1914 au moins pour parler encore de traîtrise et non de fonction historique avérée), ou comme "race", même s'il s'agit en fait d'une "race" autoproclamée.

On trouvera peut-être qu'il adopte un ton exagérément apocalyptique.

On ne pourra pas lui reprocher de n'avoir pas senti que le monde bascule. La décomposition de l'ordre mondial peut donner le meilleur comme le pire. Pour l'instant et pour au minimum quelques années encore, on va avoir le pire. Les deux mots d'ordre qui concluent le texte de Biffo en sont d'autant plus pertinents.

Mais chasser hors de nos vies la gauche réformiste et créer des espaces de survie ne saurait suffire. Il ne s'agit pas de se replier dans des ilôts à l'abri du monde, mais de renforcer nos bases d'appui, ZAD, quartiers, squatts, coopératives, locaux et réseaux, pour y prendre des forces. Mais il s'agit aussi de savoir en sortir. Il faut se confronter au monde, à ses puanteurs et ses contradictions mortifères ou fécondes. 

Entrons dans le chaos du monde en conservant intactes nos premières vertus: la colère et la joie.
Sans illusion.
Sans peur.

Serge Quadruppani


Essayiste, traducteur et éditeur littéraire libertaire français, auteur de romans policiers et traducteur de la série des Commissaire Montalbano d'Andrea Camilleri, Serge Quadruppani tient un blog où il s'exprime sur l'actualité "en attendant que la fureur prolétarienne balaie le vieux monde" : Les contrées magnifiques

Il y aura d'autres aubes

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