La couture, c'est très (lutte de) classe : Lanvin licencie* Alber Elbaz
* Lanvin dit plus probablement "remercier". On ne licencie pas, on remercie.
Après Raf Simons, parti de chez Dior, c'est Alber Elbaz qui se trouve mis à la porte par les actionnaires de Lanvin après quatorze ans de bons et loyaux services. On sent un peu de colère (un peu ?) à l'entendre dire les choses aussi franchement dans une profession où on est plutôt habitué à se détester cordialement en continuant d'aligner les clichés habituels sur le talent des uns et des autres, et la supériorité de la mode sur toute autre considération, surtout économique. Mais c'est désormais comme partout ailleurs : les nouveaux actionnaires et les fonds d'investissement veulent du rendement et des dividendes en pluie d'or, et mettent une pression terrifiante (il faut imaginer le rythme des collections, ne pas croire que le métier de styliste est une plaisanterie) sur ceux qui sont à la tête des collections. Lesquels se découvrent, mais un peu tard, prolétaires de luxe. Et éjectables comme tout un chacun. Les dernières déclarations d'Alber Elbaz, qui est quand même un génie dans son domaine, ne laissent aucun doute : "J'ai besoin de plus de temps. Et je pense que tout le monde dans la mode, ces jours-ci, a besoin de plus de temps. Les stylistes qui ont commencé comme des couturiers avec des rêves, avec des intuitions et des sentiments, sont maintenant des fabricants d'image".
Voici le temps des cadences infernales. Des conseils d'administration. Des défilés de chiffres.