Quelqu'un qui ne peut aller nulle part, on appelle ça un migrant
UN PETIT LEXIQUE CALAISIEN
Quelqu'un qu'on expulse régulièrement de son abri de fortune,
on appelle ça un inexpulsable.
Quelqu'un qu'on empêche de se fixer quelque part,
on appelle ça un nomade.
Quelqu'un qui provoque l'exaspération de gens paisibles qui fuient la guerre,
on appelle ça un gardien de la paix.
Un pays où l'on persécute ceux qui fuient la persécution,
on appelle ça le pays des droits de l'homme.
Quelqu'un qui tient à peine debout et qui s'évertue à procurer aux réfugiés nourriture et vêtements,
on appelle ça un délinquant.
Dans ce dernier cas, je peux proposer une variante,
on peut appeler ça un irresponsable.
Quelqu'un qui ne peut aller nulle part,
on appelle ça un migrant.
Quelqu'un qui déclare que l'on est nomade par essence,
on appelle ça un ministre. Suivez mon regard.
Je ne récuse pas le terme de clandestin.
Quand on a pour seul tort d'exister, on ne peut rien être d'autre sur cette planète.
Par essence pour ainsi dire.
J'aimerais que l'on cesse de confondre des êtres humains avec des boules de billard électrique, surtout quand les parties gratuites se multiplient autant en Europe. Billard électrique on rebondit, jusqu'à ce qu'on aille dans le trou. Réfugié on rebondit d'un pays à l'autre jusqu'à ce qu'on aille dans le trou. Nous avons un cimetière bien à l'écart pour les migrants qui sont tombés du camion.
Pascal Frohely
NB : Pour ceux qui se demanderaient, selon la formule consacrée, qui parle ici et d'où, voici ce que fait Pascal Frohely. C'est aussi l'occasion pour vous de faire circuler ce document.pdf qui liste ce dont ont besoin ceux qui aident les réfugiés à Calais.