Le Japon frappe à la pop (en français) avec Kumisolo
Les feignasses de la critique musicale la bombardent Françoise Hardy japonaise. Why not, mais je ne vois ni Brian Jones, ni Lennon, ni Dylan autour d'elle.… Alors reprenons et décryptons le propos à la fois distant et mutant, décalé et soyeux, aussi ingénieux que créatif dans le pré carré pop vintage. Enter Kumisolo!
Kumisolo sort un nouvel album Kabuki Femme Fatale. Et c'est tant mieux. Chic même, car l’élégance, c'est justement ce que cette Japonaise installée à Paris depuis une dizaine d’année pratique naturellement. Fan de la Nouvelle Vague, férue de mode, d'image, de cuisine et de créations en tous genres, Kumi Okamato a tendance à transformer tout ce qu’elle touche en pop vintage. Côté musique, l'ex-membre des Konki Duet, un trio féminin mutant des années 2000 ou en duo avec Crazy Curl, poursuit avec caractère et bonheur son œuvre de chansonnière au second degrés, depuis la sortie de son premier album solo (La Femme japonaise) en 2013 sur le regretté label Active Suspension.
Allons-y pour le grand écart et regardons du côté de l'Ethiopien Mulatu Astakte qui avait sorti un album avec les Anglais affolants de Heliocentrics ( avec un nouvel en approche pour mai A World of Masks - à la croisée d'une expérience jazz et des musiques non marquées mais qui empruntent à tout - et on a l'objectif de Kumisolo qui part du vintage pour faire une pop d'aujourd'hui- mais avec Jo Dalavaz, un groupe d'exotica suédois qui l'aide à faire cohabiter jap pop et échos 60's yéyé d'ici. Tient-on là la nouvelle April March ? Je pense que l'écart n'est pas assez grand, ni fondu et qu'il faut plutôt regarder du côté des ignorées, des chanteuses bis des 60's, les Delphine, Stella, ou Ginette Garcin.
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Un bémol ce faisant, l'ingénuité 60's qui décalait le propos pour ne pas offenser et ne pas tomber sous les griffes de la censure des programmations radio qui suivaient à la lettre les directives de Tante Yvonne (épouse du Général 2 Goal et fervente catho mitée) avait pour but de faire passer autre chose, un propos moins lissé, moins calibré. La même recette est à l'épreuve ici mais, à la longue, elle s'avère vaine, puisque déjà vécue et qu'elle ne risque ne rien les foudres d'une quelconque censure… Cela nous rebalance dans les 60's, à l'écoute de la radio grandes ondes où un tube des Beatles aérait une programmation où Rimel Tamieu et Sheila voisinaient seulement avec Clo-Clo…
Elle l'avoue elle-même, c'est " un album pour amateur de musique d'ascenseur à voyage immobile" (La Tête ailleurs); du genre à écouter au casque dans une file d'attente, pour éviter les chaînes d'infaux en continu … C'est plaisant, mais juste pop. Un saut en avant sur le mode : Je n’avais jamais fait un album arrangé par de vrais musiciens. Je suis passé du home-studio avec les synthés et la boite à rythme à un vrai backing band. Et je suis vraiment contente d’avoir travaillé cette fois-ci avec de vrais pros ! J’ai l’impression d’être devenue plus adulte, d'avoir mûri dans les compositions, dans les textes aussi... A l'époque des année 60, les Européens ont été inspirés par la musique asiatique et ont commencé à l'imiter. Moi je suis inspirée par ce travail d'imitation, comme celui que réalise les Jo Dalavaz dans leurs compositions. Au final la boucle est bouclée !
Alors, est-ce un album total cosplay ? une formule exotica ? Le délire passe, pour cette fois, mais à quoi passera-t-elle ensuite ? Mon problème est que j'ai découvert l'exotica via Jello Biafra qui en vantait les mérites dans les années 90 et Re:Search et que cela a servi de base au trip hop - de manière magistrale - avec Dimitri from Paris. Alors " monter dans l'ascenseur pour écouter la musique des Envahisseurs… ", je ne sais pas. Je suis plus passionné par des séries comme Le Maître du Haut château, Penny Dreadful ou the Expanse qui, si elles parlent d'ailleurs, ne fonctionnent pas qu'à la référence et au modèle rétroviseur.
Donc, un disque à fréquenter avec les enfants pour manger des choux à la crème. Sinon, je ne vois pas…
Jean-Pierre Simard le 4/04/17
Kumisolo - Kabuki Femme Fatale - Label Alter.K