À l'Institut d’art contemporain de Boston, Tau Lewis présente une vaste cosmologie dans laquelle des êtres monumentaux et mythiques annoncent l'avènement d'un monde nouveau. Cinq personnages mesurent près de 3 mètres de haut dans des vêtements drapés, leurs mains étant positionnées dans des gestes distinctifs.

Avec des titres tels que "The Doula" et "The Reaper", chacun d'entre eux joue un rôle particulier alors qu'ils se profilent au-dessus d'un grand édredon circulaire au centre de la galerie.

C'est à partir de tissus et d'objets trouvés que Lewis a créé les sculptures imposantes de Spirit Level, sa première exposition solo dans un musée aux États-Unis. L'artiste, née à Toronto, conserve dans son studio de Brooklyn une solide collection de matériaux qu'elle coud et sculpte minutieusement pour en faire des êtres étranges. Ces œuvres s'inscrivent dans la continuité de son intérêt pour la manière dont les objets conservent un sens et une mémoire.

Sa figure 2021 "Mutasis Moon", par exemple, est une créature extraterrestre avec quatre yeux et des mains turquoise. Enroulée autour d'une armature en acier galvanisé et en PVC, la sympathique figure en cuir peint se tient debout, les bras tendus, comme pour accueillir le spectateur.

Dans Spirit Level, des restes de vêtements, des chutes de mousseline teintée à la rouille, des peaux de serpent, des coquilles de conque et des os de corail fusionnent, transposant les origines des matériaux dans de nouveaux contextes. "La Doula", par exemple, porte une robe de cuir et de daim vert foncé, bleu et marron et est ce que l'artiste appelle un "portrait de la mer". Conjurant les sombres profondeurs de l'océan, la sculpture fait allusion à un espace où la vie et la mort coexistent.

La figure en or s'intitule "The Handle of the Axe" (Le manche de la hache), ce qui fait référence à l'épigraphe du roman d'Alice Walker (1992) Posséder le secret de la joie, qui se lit comme suit : "Lorsque la hache est entrée dans la forêt, les arbres ont dit que le manche était l'un d'entre nous.” Les bras ouverts pour une étreinte, la sculpture évoque les tensions entre le désir de non-violence et la lutte pour la libération.

Au centre des personnages se trouve "The Last Transmission", un édredon tentaculaire qui rayonne vers l'extérieur à partir d'une étoile de mer placée au centre. De petits panneaux de tissu ornés de verre, de perles et de fil de fer forment un patchwork élaboré, qui apparaît comme un portail architectural vers un autre univers.

Spirit Level est exposée à Boston jusqu'au 20 janvier 2025, après quoi elle sera présentée à David Zwirner à Los Angeles. Pour en savoir plus sur l'artiste, rendez-vous sur son site web et sur Instagram.

JIm Clarke le 16/09/2024
Tau Lewis - Spirit Level ->20/01/2025
Institut d’art contemporain de Boston