L'AUTRE QUOTIDIEN

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Un peu d'espoir avec le Chien de céramique de Marc Ribot

Entre cri de rage contre la situation trumpesque des USA en 2020 et remise en cause des activistes qui gueulent beaucoup sans se bouger vraiment, le Hope des Ceramic Dog est un jalon de la musique d’une année pandémique et masquée. Approchée par divers angles, une belle explosion de son qui pense et s’offre avec beaucoup de spoken word. Oubliez le bruit évoqué, écoutez le sous-entendu du paysage pas sage.

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Quand mai 2020 est arrivé, Marc Ribot a commencé à trouver qu’être déprimé était déprimant. Le guitariste et son trio Ceramic Dog –le bassiste/multi-instrumentiste Shahzad Ismaily et le batteur Ches Smith- n’avaient pas joué depuis des mois. Ils se sont donc retrouvés au studio Figure 8 (le studio de Shahzad Ismaily) pour enregistrer ce qui allait devenir Hope. “Au départ, nous comptions l’appeler “Better Luck Next Time”, mais ça nous a finalement semblé être déplacé.” s’amuse Marc Ribot.

Le groupe, qui enregistre ensemble depuis 2008, avait, dès leur entrée en studio, mis en place un lourd protocole sanitaire : se laver les mains, et jouer bien éloignés les uns des autres. Si éloignés qu’ils ne se voyaient même pas pendant l’enregistrement. Ils avaient à cœur d’éviter que l’état des poumons du bassiste –déjà bien abîmés- n’empire et ne compromette totalement sa santé. Mais grâce aux compétences techniques d’Ismaily, ils s’entendaient d’une manière parfaite et presque inédite. Les précautions mises en place, le trio s’est lancé dans l’enregistrement de huit morceaux originaux qui reflètent les incertitudes de notre époque, et ils y ont ajouté une reprise du psych-folk Wear Your Love Like Heaven de Donovan, que le trio transforme en un spoken-word délicatement apaisé.

Wanna, troisième morceau du disque, reflète tout simplement la joie incalculable qu’a eu le groupe de se retrouver et de jouer ensemble. Mais certaines chansons, comme B Flat Ontology qui ouvre ‘album, sont des histoires minimalistes qui traduisent l’ennui, une certaine forme d’inutilité ressentis par le guitariste ces derniers temps.

“Mes racines No Wave ont refait surfaces”, déclare Ribot à propos de They Met In The Middle, un morceau qui profite de l’apport du saxophoniste alto Darius Jones. “C’est une chanson qui parle de la manière de ne pas aller quelque part. Vous pouvez vous rendre nulle part en restant au même endroit, ou en tournant en rond. Cette chanson parle également de gens qui vont dans des endroits puis en reviennent. Il y a différentes manières d’aller nulle part.”

Certains des enregistrements précédents de Ribot étaient bien plus immédiatement politiques. Son dernier disque Songs of Resistance 1942-2018, paru en 2018 était directement agitprop sans culpabilité aucune, et le YRU Still Here? de Ceramic Dog paru la même année comptait en son sein l’intense et poignant Muslim Jewish Resistance et le punky Fuck La Migra. Quand mai 2020 est arrivé, Marc Ribot a commencé à trouver qu’être déprimé était déprimant. Le guitariste et son trio Ceramic Dog –le bassiste/multi-instrumentiste Shahzad Ismaily et le batteur Ches Smith- n’avaient pas joué depuis des mois. Ils se sont donc retrouvés au studio Figure 8 (le studio de Shahzad Ismaily) pour enregistrer ce qui allait devenir Hope. “Au départ, nous comptions l’appeler “Better Luck Next Time”, mais ça nous a finalement semblé être déplacé.” s’amuse Marc Ribot.

Le groupe, qui enregistre ensemble depuis 2008, avait, dès leur entrée en studio, mis en place un lourd protocole sanitaire : se laver les mains, et jouer bien éloignés les uns des autres. Si éloignés qu’ils ne se voyaient même pas pendant l’enregistrement. Ils avaient à cœur d’éviter que l’état des poumons du bassiste –déjà bien abîmés- n’empire et ne compromette totalement sa santé. Mais grâce aux compétences techniques d’Ismaily, ils s’entendaient d’une manière parfaite et presque inédite. Les précautions mises en place, le trio s’est lancé dans l’enregistrement de huit morceaux originaux qui reflètent les incertitudes de notre époque, et ils y ont ajouté une reprise du psych-folk Wear Your Love Like Heaven de Donovan, que le trio transforme en un spoken-word délicatement apaisé.

Wanna, troisième morceau du disque, reflète tout simplement la joie incalculable qu’a eu le groupe de se retrouver et de jouer ensemble. Mais certaines chansons, comme B Flat Ontology qui ouvre ‘album, sont des histoires minimalistes qui traduisent l’ennui, une certaine forme d’inutilité ressentis par le guitariste ces derniers temps.

“Mes racines No Wave ont refait surfaces”, déclare Ribot à propos de They Met In The Middle, un morceau qui profite de l’apport du saxophoniste alto Darius Jones. “C’est une chanson qui parle de la manière de ne pas aller quelque part. Vous pouvez vous rendre nulle part en restant au même endroit, ou en tournant en rond. Cette chanson parle également de gens qui vont dans des endroits puis en reviennent. Il y a différentes manières d’aller nulle part.”

Certains des enregistrements précédents de Ribot étaient bien plus immédiatement politiques. Son dernier disque Songs of Resistance 1942-2018, paru en 2018 était directement agitprop sans culpabilité aucune, et le YRU Still Here? de Ceramic Dog paru la même année comptait en son sein l’intense et poignant Muslim Jewish Resistance et le punky Fuck La Migra.

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Sur Hope, The Activist est plus une satire qu’un reproche. “J’ai écrit ceci après avoir participé au millionième meeting politique qui n’allait nulle part.” déclare Ribot. “Ainsi, dans cette chanson, je me paie ces gens qui prennent réellement du plaisir à balancer ces propos radicaux merdiques, au lieu de mettre vraiment les mains dans le cambouis et de faire ce qu’il y a à faire en urgence.” Ches Smith résume parfaitement ce morceau, ainsi que l’album : “Cet album, contrairement au précédent, donne plus l’impression d’un burnout politique”.

Sortant de toute catégorisation politique, historique, voire musicale, les deux longs instrumentaux vers la fin du disque -The Long Goodbye et Maple Leaf Rage- offrent 23 minutes de respiration aux commentaires poétiques de Ribot. “Je pense que Marc a une manière très picturale de suivre son intuition, pour savoir si l’on a besoin ou pas d’un moment instrumental après des morceaux plus lyriques ou centrés autour du texte.” raconte Ismaily. “Il me semble que cela se rapproche d’une intuition subtile, du bon équilibre, de ressentir l’expérience émotionnelle de l’auditeur.”

S’il est clair que Ribot nous offre avec Hope des instantanés détaillés de la vie en période de pandémie, la passion primordiale qui a ramené Ceramic Dog en studio au printemps dernier est palpable sur chaque morceau. “Nous étions si heureux de jouer, d’enregistrer, de faire de la musique à nouveau” nous dit Marc Ribot. “Dans les temps futures –s’il y aura des temps futurs- quand les gens se retourneront vers l’année que nous venons de vivre, ils n’y croiront pas. Mais cet album en a été à la fois le témoin et notre corde de sauvetage.

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Si le jazz-punk de Ceramic Dog ne vous convainc pas aujourd’hui, c’est que vos regardez trop les fils d’info en continu qui distillent du malheur pour promouvoir les crétins au pouvoir. Les Américains ont voté contre leur gland milliardaire, vous savez ce qu’il vous reste à faire l’an prochain. Ici-même…  Et la reprise actualise du Wear Your Love Like Heaven de Donovan mérite le détour.

Jean-Pierre Simard le 23/06/2021
Ceramis Dog - Hope - yellow bird / L’Autre Distribution -> sortie le 25/06/2021