L'AUTRE QUOTIDIEN

View Original

La révélation Michael Schmidt, une autre photographie allemande au Jeu de Paume

Hommage à un grand photographe, “Michael Schmidt, une autre photographie allemande” présente des originaux, des tirages de travail inédits, des projets de livre et d’autres archives illustrant l’évolution de son travail artistique. Elle met en évidence le processus de reconnaissance de la photographie comme forme d’expression artistique en Allemagne et en Europe à partir des années 1970. Une claque visuelle !

Michael Schmidt Müller-Ecke Seestraße, Berlin- Wedding, [Berlin- Wedding], 1976-78

Comme Bernd et Hilla Becher, Michael Schmidt fait partie des photographes d’après-guerre les plus influents. Il a inlassablement développé son œuvre durant cinq décennies. À travers les publications de ses travaux sous forme de livres et d’installations toujours en dialogue avec leur lieu d’exposition, il a mis au point différents types de présentation novateurs. Par l’incessant renouvellement de son langage formel et par le choix de ses thèmes, Michael Schmidt a écrit un volet de l’histoire de la photographie et est aujourd’hui un modèle pour toute une génération de jeunes photographes.

Né à Berlin le 6 octobre 1945, c’est dans cette ville qu’il vit et travaille jusqu’à sa mort en 2014. Cet autodidacte - qui fut d’abord gendarme- travaille comme photographe à partir du milieu des années 1970, tout d’abord exclusivement dans sa ville natale. C’est là qu’ont vu le jour les séries consacrées à Kreuzberg et Wedding – deux arrondissements de Berlin-Ouest –, lesquelles vont déjà au-delà de la simple description d’un quartier, prenant un sens plus large. C’est avec le projet de livre et d’exposition développé en collaboration avec le metteur en scène et dramaturge Einar Schleef, Waffenruhe (Cessez-le feu), présenté tout d’abord à Berlin en 1987, que Michael Schmidt réalise un travail indéniablement artistique.

Moi qui suis autodidacte, je pensais que l’art et la vie ne faisaient qu’un. Or je me suis rendu compte au terme d’un douloureux processus que l’un n’avait absolument rien à voir avec l’autre. Au fond, si tu veux, il faut lâcher prise, perdre, détruire pour pouvoir prétendre créer du nouveau. Et ça, c’est douloureux.

Michael Schmidt

16. Michael Schmidt - Architektur Architecture], 1989–1991

Michael Schmidt, Photographies 1965-2014 est la première monographie d'envergure, une rétrospective monumentale et définitive, dédiée à cette figure centrale de la photographie allemande contemporaine, le plus grand chroniqueur de Berlin de l'après-guerre.

Figure admirée et respectée de ses pairs en Allemagne comme sur la scène internationale, Michael Schmidt a pourtant été très peu montré en France. Publié en relation avec l'importante rétrospective itinérante – la première depuis le décès de l'artiste – présentée à la Nationalgalerie im Hamburger Bahnhof à Berlin, au Jeu de Paume à Paris, au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid et à l'Albertina à Vienne, ce catalogue constitue l'unique monographie de cette envergure jamais dédiée au photographe. L'analyse chronologique de son parcours, les essais des spécialistes Ute Eskildsen, Janos Frecot, Peter Galassi, Heinz Liesbrock et Thomas Weski – ayant tous étroitement collaboré avec lui de son vivant –, révèlent l'ampleur et l'originalité de la pratique de Michael Schmidt, qui adopta une méthode photographique spécifique pour chacune de ses séries.

Michael Schmidt - Berlin-Kreuzberg. Stadtbilder [Berlin-Kreuzberg. Vues urbaines], 1981-82

Fruit des recherches approfondies conduites par les Archives de Michael Schmidt, cet ouvrage et l'exposition qu'il accompagne réunissent, outre les séries iconiques Waffenruhe (« Cessez-le-feu », 1987) et Ein-heit (« Un-ité », 1996), des photographies originales, des tirages de travail inédits, des maquettes de livres et une riche documentation (cartons d'invitation, affiches, vues d'exposition, etc.). Ils restituent ainsi toute la portée d'un artiste qui a influencé une génération entière de photographes par ses explorations et innovations continuelles.

Un homme, un regard, une ville et toute les vies du lieu qui surgissent devant son objectif ; toutes capturées avec le décillement nécessaire pour faire œuvre. Et ça le fait grave ! Courrez-y !

Karl Zeiss-Ikon le 18/06/2021
Michael Schmidt, une autre photographie allemande -> 29/08/2021
Musée du Jeu de Paume Paris 1, place de la Concorde 75008 Paris