L'AUTRE QUOTIDIEN

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Avec Godspeed You! Black Emperor, Dieu pisse bruyamment sur la fin de l'Etat

Godspeed You! Black Emperor est l’œuvre d’Efrim Menuck et de ses acolytes, à travers leurs formations Godspeed et A Silver Mt. Zion (sa version chantée et resserrée, elle-même découpée en plusieurs déclinaisons) et le dernier envoi de cette sorte de kibboutz montréalais ne démérite en rien leur discographie qui varie avec les politiques et envies du moment, servies dans un langage codé, crypté même. Si je parle de kibboutz, c’est qu’Efrim Menuck a une culture hébraïque poussé qu’il transmet via la musique et ses prises de position anarchistes.

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Le morceau d'ouverture "A Military Alphabet (five eyes all blind) (4521.0kHz 6730.0kHz 4109.09kHz)/Job's Lament/First of the Last Glaciers/where we break how we shine (ROCKETS FOR MARY) commence par un sample de radio sur ondes longues radio peu clair avant d'introduire une guitare floue et brute. Le tempo monte lentement, mais ne dépasse jamais vraiment la vitesse du hochement de tête, tandis qu'il explore diverses textures sonores grâce au violon de Sophie Trudeau et à la guitare d'Efrim Menuck, avant de s'éteindre au son du chant des oiseaux et des coups de feu. C'est lourd et construit pour un volume sérieux et si cela ne traîne pas sur disque, cela volerait sûrement beaucoup mieux depuis une scène. On y revient bientôt .

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"GOVERNMENT CAME (9980.0kHz 3617.1kHz 4521.0kHz)/Cliffs Gaze/cliffs gave at empty water's rise/ASHES TO SEA or NEARER TO THEE" commence également par un échantillon radio flou qui se transforme en quelque chose de rampant et d'envoûtant, tandis qu'il gagne en vibration et en volume avant d'éclater avec une pompe orchestrale et de revenir à la coda en sautillant presque joyeusement. Il s'agit d'une musique qui ne risque pas de déranger le grand public, mais on pourrait en dire autant des deux morceaux plus courts, "Fire at Static Valley" et "OUR SIDE HAS TO WIN (for DH)". Ce sont des titres trippants et woozy, espacés mais pas vraiment relaxants. Ils constituent cependant des interludes bienvenus et plus digestes après les événements principaux monolithiques.

Et là, on peut reparler de ce qui nous importe : l’absence de dimension live, même si cela a été, comme d’habitude, rôdé en studio avant de devenir ces longues suites en montagnes rusées. D’habitude, en écoutant du rock ( trop souvent même depuis des années) on ne retrouve pas forcément l’adéquation qui existait jusqu’au grunge - elle est passée côté hip hop et techno depuis avec un vécu à partager. Mais là, justement, si vous trouvez un autre album de rock qui vous envoie le confinement dans la gueule aussi fort qu’icelui, écrivez-moi, j’en parlerais… Pour une fois, oubliez les clés codées, le fond hébraïque à traduire et laissez-vous emportez par le flot sonore qui vous ouvre les yeux/oreilles/tripes à ce que vous vivez. La matière brute de décoffrage à l’image des fake news en continu, des mensonges étatiques réarticulés par des valets serviles sur les chaînes d’info. Le son du jour, le vrai, est là, et il envoie grave. Pas mieux ! On en est encore à se demander si Micron n’est pas un adepte dévoyé du trumpisme crétin et en fait, on finit par y croire. What Else ?

Jean-Pierre Simard le7/04/2021
Godspeed You! Black Emepror - G_d’s Pee AT STATE’S END !
- Constellation

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