L'AUTRE QUOTIDIEN

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“ Spermogramme”, l'ouverture séminale de Pierre Escot

Etonnante trajectoire que celle de Spermogramme, écrit à l’aube des 80’s et en quête d’éditeur jusqu’à 2020 et son atterrissage chez Supernova. C’est un livre d’avant le temps des cons finauds qui avance par soubresauts et diffractions en créant des trous dans la narration par où s’engouffre une drôle de musique, celle de la littérature.

Spermogramme est le huitième livre de l’écrivain et photographe Pierre Escot. Entre réalité et digression, phantasmes et souvenirs, Spermogramme est écrit sous l’impulsion d’un esprit libre qui contorsionne l’espace et le temps. Plusieurs histoires s’y succèdent et s’entrelacent en fragments poétiques et narratifs. On en sort conquis, essoufflé et différent.

Premier livre, premier roman, premier poème écrit à l’orée des années quatre-vingt, Spermogramme nous entraîne dans un flux puissant et halluciné. J’en ai fait l’expérience dans un train Porte de Clichy à attendre sur le parcours de la ligne C, dans une gare quasi vide où ces mots résonnaient d’une vie d’avant, de subtils court-circuits en descriptions diverses qui laissent un goût dans la bouche en faisant culbuter le récit d’un moment à un autre. ET l’effet produit était soudain de retrouver des images du passé et uej nfaçon de vivre et de s’envisager qui n’avait pas de limite, pas de temporalité précise, mais un mouvement durable. On dira ascendant le mouvement. Et, comme le dit Julien Cendres, ça chamboule, ça tournevolte, ça envoie - une très salubre bousculade neuronale à l’heure des homme-troncs et de la Culture des annulés de partout. Un livre… et qu’il est bon !

Jean-Pierre Simard le 9/02/2021
Pierre Escot - Spermogramme - Editions Supernova