Karel Appel pose ses "Eternal Space of Being" chez Lelong
C’est étonnant cette faculté des galeristes d’oublier de mentionner les faits autres qu’artistiques concernant les artistes engagés des années 50 et plus. A croire que l’histoire de l’art oublie l’Histoire et les idées qui allaient de pair. On rappelle qu’on adore Appel et Jorn pour leur aide à l’Internationale Situationniste… Mais qui s’en souvient ? Néanmoins, courez voir ce puissant groupe de tableaux intitulé "Eternal Space of Being", peint au début des années 90.
Karel Appel a étudié à l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam, entre 1940 et 1943, et a commencé à exposer en 1946. Il tire ses influences de Pablo Picasso, Henri Matisse et Jean Dubuffet. Il rejoint le Experimentele Groep in Holland, opposé à l'abstraction géométrique et créé le 16 juillet 1948, mouvement qui regroupait les artistes Constant Nieuwenhuys, Asger Jorn, Guillaume Cornelis van Beverloo, Anton Rooskens, Theo Wolvecamp et Jan Nieuwenhuys, Eugène Brands. Le groupe fait paraître en deux numéros en octobre/novembre 1948 la revue Reflex où déjà s'annonce le mouvement CoBrA, et qui marque la constitution du Groupe Expérimental Hollandais et qui anticipe sur la revue Cobra (revue) qui allait paraître l'année suivante au Danemark, puis en Belgique, puis aux Pays-Bas. Appel est ensuite cofondateur du mouvement CoBrA en 1948, avec Guillaume Cornelis van Beverloo, Constant Nieuwenhuys, Asger Jorn, Jan Nieuwenhuys et Christian Dotremont.
Karel Appel était un peintre physique. Sa confrontation avec la surface à peindre, la dynamique du geste, la générosité de la couleur délivrée étaient essentiels pour lui. Au début des années 1990, il peint dans son atelier de la côte est des USA un puissant groupe de tableaux intitulé Eternal Space of Being. Dans un lumineux écrin de couleurs vives posé au centre d’un fond noir, une figure humaine, féminine, masculine ou indéterminée, se tient, voire flotte comme dans un milieu matriciel. Peintre libre, Appel a un peu servi de modèle au Street Art et on même tenté de le faire tenir dans le vocable d’art naïf, en le rapprochant de Gaston Chaissac. C’est limite, à confondre un art qui s’oblige de lui-même avec une démarche qui joue toujours la simplification pour se dire. Allez-y voir vous-même. C’est une claque.
Conjointement, la Fondation Karel Appel annonce la publication en ligne du premier volume du Catalogue des œuvres de Karel Appel, qui couvre la dernière période de l'œuvre, de 1990 à 2006. Les volumes suivants suivront dans l'ordre chronologique inverse et en fonction de l'avancement des recherches sous-jacentes. Le catalogue détaille la reproduction, la description des caractéristiques physiques, l'historique des expositions et les références bibliographiques, les informations contextuelles et les œuvres connexes de chaque peinture créée au cours de la période, ainsi que la " peinture d'objet " (une dénomination qui inclut les assemblages, les reliefs et les œuvres tridimensionnelles) et les installations spécifiques de Karel Appel, dans la mesure où elles sont disponibles. Les estampes, les multiples, les textiles et les accessoires de théâtre ne sont pas inclus. Les dessins ne sont inclus que s'ils sont liés à des œuvres publiées.
Jean-Pierre Simard le 18/11/2021
Karel Appel - Eternal Space of Being ->8/01/2022
Galerie Lelong 13, rue de Téhéran 75008 Paris