L'AUTRE QUOTIDIEN

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Les échafaudages d'hypothèses de Keita Mori chez Putman

Keita Mori se souvient avoir lu dans le roman 1Q84 d’Haruki Murakami l’expression « échafaudage d’hypothèses », qu’il traduit en japonais par kasetsu no kasetsu. Il réalise alors qu’il avait, depuis longtemps, cette formule en tête à propos de son travail.

Keita Mori fresque 2021

Ce n’est pas étonnant que cette antanaclase linguistique — figure de style qui consiste en la répétition d’un même mot de deux sens différents — résonne chez celui qui voit toujours son dessin comme une possibilité. Possibilité d’une forme, d’un espace qui se révèle au fur et à mesure de l’avancement du travail.

Ses œuvres, quels qu’en soient les dimensions et le support, installations murales comme œuvres sur papier, sont réalisées grâce à des fils de soie, de laine, de coton, de cuivre, qu’il tend et colle à l’aide d’un pistolet. Les fils s’agencent les uns par rapport aux autres, s’alignent ou se superposent en un équilibre subtil, tel un « échafaudage » au sens propre. Plus encore, c’est au sens figuré que ce terme prend toute son ampleur : chez Keita Mori, le dessin est une élaboration progressive.

Keita Mori, Bug report, 2020 Encre, fil de coton et de soie sur papier — 106 × 75 cm

Il considère que les lignes qu’il tire ne deviennent jamais quelque chose de vraiment concret, de figé ; ce sont des superpositions ou juxtapositions de possibilités. Les dessins proposés sont en état de suspens, comme les hypothèses d’un espace ou d’un système.

Keita Mori réalisera dans le cadre de cette exposition une grande installation murale et présentera une sélection d’œuvres récentes de différents formats. Dans ses dernières œuvres, son rapport à l’espace de la feuille s’est enrichi par une préparation du papier avec des lavis d’encre de Chine.

Keita Mori réalisant une installation au Takamastsu Art Museum, Japon, 2019

Né en 1981 à Hokkaido au Japon, Keita Mori vit et travaille à Paris. Diplômé de l’Université des Beaux-Arts Tama de Tokyo en 2004 (sous la direction de Kosei Ishii, Akira Tatehata), il complète sa formation à l’ENSBA-École Nationale Supérieure des Beaux-Arts à Paris, en 2007 (Atelier Jacky Chriqui, Christian Boltanski) et d’un Master en Arts Plastiques, nouveaux médias à l’Université de Paris VIII, en 2011 (sous la direction de Philippe Nys).

Après onze mois de résidence à la Fondation Fiminco (Romainville), il sera accueilli en septembre 2022 à la Résidence Saint-Ange, au cœur du domaine de la Tour Saint-Ange (près de Grenoble) dans le bâtiment de l’architecte Odile Decq. Keita Mori a participé à de nombreuses expositions en France et au Japon : Fondation Fiminco à Romainville (2021), Musée des Beaux-Arts de Rouen (2021), Centre d’art contemporain de Pontmain (2021), Musée d’art contemporain de Tokyo (2020), National Art Center de Tokyo (2018), Takamastu Art Museum (2019), Aomori Contemporary Art Center (2018).

En 2017, il a inauguré le Drawing Lab à Paris avec l’exposition personnelle Strings sous le commissariat de Gaël Charbau. Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées et publiques dont «1 immeuble, 1 œuvre» sous l’égide du ministère de la Culture et le Fonds de dotation Emerige, Massy; FRAC PACA, Marseille; FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA, Bordeaux.

Roky Nawa le 12/10/2021
Keita Mori - kasetsu no kasetsu. - 10/11/2021
Galerie Catherine Putman 40, rue Quincampoix 75004 Paris

Keita Mori, Bug report (circuit), 2021 Encre, fil de coton et de soie sur papier — 115 × 150 cm