L'AUTRE QUOTIDIEN

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Bernard Parmegiani ou quand la musique contemporaine faisait des stries

Petit coup de spat sur Violostries, première œuvre d’envergure de Bernard Parmegiani, un homme du son issu du sérail du GRM, fortement encouragé par Pierre Schaeffer à devenir musicien en 1962, quand il n’est alors qu’ingénieur du son. La suite est palpitante que voilà.

Le LP rassemble trois pièces, qui datent toutes de l'époque où Parmegiani travaillait à la table de montage son avec des bandes magnétiques et des lames de rasoir, un processus bien plus l laborieux que le collage et le traitement audio ne le serait à l'ère numérique.

La chanson-titre a été sa première grande œuvre. En 1963, le violoniste Devy Erlih a commandé à Parmegiani une musique pour accompagner un spectacle de danse ; il lui a fallu plus d'un an pour réaliser les éléments enregistrés de la pièce de 16:39 minutes. Toutes ses contributions provenaient des sons du violon, qu'il a accélérés, ralentis, filtrés, coupés en dés et assemblés en un accompagnement étranger au violon virtuose d'Erlih. À l'époque, il représentait un défi pour les auditeurs de renoncer à leurs idées préconçues sur les limites de tout instrument ; plus d'un demi-siècle plus tard, il reste une séquence d'événements sonores étonnamment détaillée, dont voici une autre version en public.

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Deux pièces plus courtes occupent l'autre face. "Capture Éphémère" est une première tentative pour traiter l'aspect spatial de l'expérience d'écoute. Composée à l'origine en 1967, elle émet des sons principalement méconnaissables qui fusent, se plissent et frémissent doucement comme un personnage de dessin animé qui se fait frapper au visage par un géant de la bande. On peut penser que l'entendre dans son état d'origine serait un peu comme s'asseoir au milieu d'un terrain d'aviation, entendre les avions rugir devant et au-dessus de nous, puis entendre ces sons être mastiqués par un insecte monstrueux. Mais comme le son quadrophonique n'a jamais vraiment décollé au niveau populaire, en 1988, Parmegiani l'a remixé pour la stéréo, et c'est ce mixage que l'on entend ici. "La Roue Ferris" a été créée en 1971 lors d'un festival célébrant le chantier naval de Menton, une ville portuaire frontalière de la côte méditerranéenne française. On se demande ce que les festivaliers ont fait de ses essaims et tourbillons en constante évolution, qui sonnent plus électroniques que les deux autres morceaux inclus ici. Mais une fois de plus, la musique résiste assez bien à travers les décennies comme expression du mouvement et de la densité par le son.

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Imaginez un peu, comme pour les premières œuvres de Pierre Henry, le temps passé à la coupe et au collage des bandes … On dira bel effort et on réécoutera cette musique qui se cache dans des coins alors inattendus avec une matière encore toute nouvelle. DE l’léctronique avant l’heure avec les moyens du bord. Le génie en plus. Pas une ride ( mais toujours des stries :-)

Jean-Pierre Simard le 10/01/2021
Bernard Parmegiani - Violostries - GRM