L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le très barré Siglo XXI des Meridian Brothers est un vrai bonheur

A l’inverse du Senor Coconut qui, autrefois mettait de la cumbia dans Kraftwerk, les Meridian Brothers s’emparent de la cumbia comme formule musicale de base pour l’exploser de toutes les manières existantes. C’est réjouissant et tendu, virtuose et malin. Essentiel !

Emmené par le multi-instrumentiste Eblis Alvarez (membre entre autres au sein de Los Pirañas), Meridian Brothers revisite la cumbia, genre musical traditionnel originaire de Colombie. Chaque nouvel album est l’occasion d’explorer et de dynamiter la musique de ses origines, de l’entrainer vers un ailleurs nourri de folklore et de modernité, à l’image de Cumbia Siglo XXI, dont le titre est inspiré du groupe avant-gardiste des années 80, Cumbia Siglo XX.

La formation utilise les outils d’aujourd’hui, les faisant flirter aux styles actuels; urban groove, électronique, glitch, synth pop, kraut-cumbia, tropical…, appuyés par un sens de la mélodie entêtante, donnant naissance à des atmosphères irrésistibles. Les rythmiques sont la véritable plaque tournante de cet opus, vibrant dans chaque recoin, explosant au contact de vocaux mordants, tordant les axes pour nous faire sauter sur un dancefloor à la moiteur collante, véritable bombe atomique aux effets dévastateurs.

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C'est militant, hyper cinétique et amusant. Pendant de nombreuses années, Álvarez, qui a grandi avec la cumbia, a résisté à l'envie de l'explorer en profondeur lorsqu'il faisait de la musique ; car elle exige une connaissance et une discipline rigoureuses pour comprendre ses normes avant de les transgresser. En suivant l'approche colombienne et, en s'inspirant de dérivés argentins et mexicains, Álvarez s'est affranchi de ses propres limites pour parvenir au-delà de l’essence du genre. Cumbia Siglo XXI est la sortie la plus satisfaisante de Meridian Brothers à ce jour, à balancer le parfait concept-album de la rentrée 2020.

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Juste un mot sur Cumbia del Pichaman, l’adaptation du Son of a Preacher Man de Dusty Springfield. L’approche est aussi fondue que celle du regretté guitariste des Residents, Snakefinger dans ses reprises. Et, comme personne n’a depuis suivi cette direction, on tient peut-être là son seul vrai successeur sud-américain. Si vous aimez les guitares serpentines aux réglages étranges, l'électronique bon marché, la production de guérilla, les traitements vocaux inhabituels et l’humour au rasoir; alors, vous n’êtes pas encore mort. Bienvenue dans 2020, mais ailleurs !

Jean-Pierre Simard le 9/09/2020
Meridian Brothers - Cumbia Siglo XXI - Bongo Joe Records