Stephen Manka, artiste de Cleveland, a lancé une campagne Kickstarter avec l'idée d'emmener son œuvre en tournée nationale : un portrait géant de Trump réalisé à base de godemichés métalliques achetés chez un ferrailleur.

Pour beaucoup d'artistes, la pratique artistique est une combinaison gagnante de sujet et de médium, dans l’espoir que chacun informe et amplifie l'autre. Cela n'a jamais été aussi patent que dans le cas de Stephen Manka, artiste et designer basé à Cleveland, qui a utilisé 2 020 godes en métal vintage achetés chez un ferrailleur pour réaliser un portrait à grande échelle de Donald Trump - ou, comme il sera désormais connu -, SCROTUS.

Le thème des monuments est au centre de l'actualité a déclaré Manka, dans un entretien par e-mail avec Hyperallergic. Les monuments confédérés sont en train de s'effondrer. Une incroyable "Rumeur de guerre" de Kehinde Wiley vient d’être dévoilée sur laquelle on voit un jeune noir avec des dreads et en jeans chevaucher un destrier, comme le faisaient auparavant les confédérés - mais dans une toute autre optique. Et notre président est en train de se faire agresser avec son visage positionné sur le mont Rushmore.

Qu'est-ce qu'un monument approprié pour marquer la fin tant attendue du trumpisme qui divise les USA ? Rien ou alors des godes … Jamais un médium n'a été aussi parfaitement adapté pour présenter un sujet. C'est presque dommage, car séparés de leurs connotations sexuelles ou politiques, les godes sont des objets fascinants en soi.

"Il y en a vraiment une incroyable variété", a déclaré Manka. "En plus des bâtards macabres et veineux attendus, il y en a qui ressemblent à des artefacts volés, cassés d'un temple du Kama Sutra. Ou un bout de valve du Bibendum. Il y a certainement une histoire à déterrer sur l'endroit d'où ils viennent tous."

Selon Manka, Cleveland était connu pour son implication dans le porno et la fabrication de godes grâce à Rueben Sturman, le Walt Disney du Porno. Manka spécule que ces godes récupérés pourraient faire partie de l'héritage perdu de Sturman, mais cela n'est pas confirmé. En tant qu'artiste, Manka ne se contente pas de laisser circuler virtuellement ces godes, qui sont actuellement assemblés dans son atelier. L'artiste a lancé une campagne Kickstarter dans l'espoir d'emmener ces godes en tournée, afin d'ajouter de l’huile sur le feu à une année électorale qui s’avère être un point de repère essentiel de la politique américaine.

"J'ai imaginé un grand portrait vertical avec des dongs et un cadre doré, avec un Kickstarter nécessaire pour le financer", dit Manka. Ce portrait est une nouvelle direction de sa pratique artistique, "fusionnant la photographie, la sculpture, les objets trouvés et une position politique chargée". Il est certain que le climat politique a incité nombre d'entre nous à dépasser leur propre zone de confort et à ouvrir de nouvelles voies en termes d'activisme, d'engagement civique et peut-être même de jouets sexuels (l'été a été long et solitaire pour tous). Félicitations à Manka pour avoir combiné ces questions d'actualité en une œuvre d'art qui rappelle à quel point tous les Américains seront sodoculés s’ils ne virent pas définitivement cet homme hors du bureau ovale en novembre.

Sarah Rose Sharp pour Hyperallergic le 10/09/202,
Adapté par la rédaction