L'après du mensonge avec Mou et Régina Démina
La pop française a souvent un goût de moisi. Mais pas là, avec des sorties qui font sens dans un monde en manque, quelques sensations bienvenues, même si ça ne tient pas complètement la route au fil des albums. Un dandy morose et une cis-genre qui décoiffe…
On attend toujours le 45T d’Eric Zemmour qui enfin nous déclarerai sa flemme à penser et ses turpitudes inavouées sur fond d’italo-disco - et bien sûr, en costume fluo et paillettes à gogo … Mais, comme on n’aime pas attendre, on va parler de l’existant ; un existant qui se pose ( comme nous) juste à côté pour profiter du paysage, sans en subir les moisissures factuelles - ni les Top nauséabond ( James … ) Enter Mou et Régina Démina qui, tous deux déminent la son d’ici avec quelques plantades et plusieurs bonheurs du jour.
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Régina Démina : J'ai beaucoup travaillé avec des personnalités transgenres d'homme à femme, car pour moi elles représentent souvent une sorte de super femme, parfois même plus qu'une femme biologique, comme les héroïnes de bandes dessinées ; très sophistiquées, très maquillées, bien habillées". Je pense qu'il y a plusieurs femmes iconiques, celles qui m'inspirent : Je veux dire celles auxquelles je veux ressembler physiquement, parce que nous avons tous un idéal. Un autre type sont celles que je trouve déroutantes, attirantes, et généralement celles qui sont à l'opposé de moi, physiquement ou même spirituellement. Quelque part entre les deux, il y a ma muse artistique. Mais je change constamment d'avis. Je vous le dis maintenant, alors un autre jour la réalité pourrait me donner une bonne leçon, et je penserais quelque chose de complètement différent.
Mou : Cultivant une certaine nonchalance, mais loin de toute fainéantise, MOU manie avec humour et réalisme les codes du rap et de la chanson française. Le Nantais d’adoption utilise son quotidien pour construire ses comptines surréalistes. Une marque de fabrique qui a su être appréciée lors de la sortie de ses deux premiers EP « Full Sentimental » et « Royal Calin », sur le label nantais FVTVR Records (Pegase, Ricky Hollywood, Ed Mount...) Ses épopées pop naviguent dans l’air du temps, ajoutant un peu de saveur parfum caramel au beurre salée à une génération française qui se joue des styles (Muddy Monk, Miel De Montagne, Flavien Berger, Philippe Katerine...).
Bijoux d’amour est le premier album de Mou, la ligne directrice du grand bonhomme reste la même : l’Amour. Toujours entourés de La Brousse, les prometteurs Saintard et Cavalier King Charles ont également participé aux productions de l’album. Le disque a été enregistré et mixé les pieds dans l'eau au studio de la Maison du Futur par Raphaël D'Hervez.
Et des deux-là, on peut direz qu’ils instillent - après distillation- un certain air du temps décontracte et revigorant qui joue avec des thématiques d’actualité qui vont du phénomène trans aux croissants, des envies de foutre le feu à celles de rester sus la couette, des univers qui se croisent s’entrechoquent et finissent par faire sens et monde. Ensuite, on peut ou pas apprécier la totalité des compositions. Dans mon cas, loin s’en faut dès qu’on reste en terrain chanson française sans décalage/apport novateur, ça grippe…
Mais dans l’ensemble, ça fait mieux que cerner le paysage, ça le définit un peu bien même, un mélange d’incantations et de titres roboratifs qui envoient l’esprit et la manière du temps. CE qu’un single de Zemmour ne ferait pas. Et on en reste là. Ecoutez, triez, aimez, détestez - mais c’est un effet 2020 qui se pose là. Danserais-tu le cha-cha avec moi ? (MOU) versus Tu es le seul garçon Couzin, avec qui j’aurais aimé lutiner … (Régina Démina)
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Jean-Pierre Simard le 10/06/2020
Régina Démina - Hystérie - Kwaidan Records
MOU - Bijoux d’Amour - Futur Records